Jean 14 - L'efficacité de la foi et la prière
Jean 14 - L'efficacité de la foi et la prière
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus; mais vous, vous me verrez, car je vis, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous. »
Jean 14.12-20
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes, parce que je m’en vais au Père » (Jn 14.12).
Disciples, nous sommes mis à part pour servir Dieu et poursuivre l’œuvre de son Fils qui va mourir et nous quitter. Cette séparation nous trouble comme elle troublait les apôtres; mais elle est justement la cause pour laquelle nous sommes investis de pouvoirs étonnants, plus grands même que ceux de Jésus quand il vivait ici-bas!
Certaines de ses œuvres, telle la rédemption par sa mort, accomplie une fois pour toutes, sont inimitables. Mais quelles œuvres peuvent-elles donc être plus grandes que les siennes? Jésus vise-t-il ici le contraste entre le petit nombre de ses disciples et la masse de ceux qui seront convertis? Entre sa mission auprès des seuls juifs et celle des disciples dans le monde? Pense-t-il à la réunion des juifs et des païens dans une seule et même Église, au rassemblement des enfants de Dieu dispersés dans le monde? À tout cela sans doute! « Voilà, dit-il, des œuvres plus grandes que les miennes. » Ah! on ne peut pas dire qu’il ne nous prenne pas au sérieux quand il intervient dans nos vies!
Toutefois, cette extension de son œuvre, nous ne l’accomplissons pas d’une manière indépendante : sa vie et sa mort n’inaugurent pas une race de surhommes dont les œuvres tourneraient à leur propre gloire. Ces œuvres sont les fruits portés par les sarments attachés au cep, la conséquence de la gloire du Fils. Ces œuvres sont accomplies par la foi au Christ et par la prière en son nom. En fait, elles sont ses propres œuvres à lui. N’est-ce pas à sa voix que le troupeau se rassemble sous la conduite du seul Berger? (Jn 10.16). N’est-ce pas lui qui jette le filet quand Pierre le fait sur son ordre (Jn 21.6)? Oui, ces œuvres qui sont les nôtres sont le signe que le Christ est bien vivant et dans la gloire de son Père.
Un but dans notre vie, une demeure assurée dans la maison du Père, un chemin qui y conduit, voilà bien des consolations! Mais l’efficacité de notre prière en est une autre. Parce que le Christ est mort, ressuscité, auprès du Père, parce qu’il est absent, en raison même de sa gloire, voici que nous avons le droit d’adresser nos requêtes directement à Dieu : « Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn 14.13). Plus encore, selon de nombreux manuscrits, la prière adressée au Fils est possible : « Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai » (Jn 14.14).
Si la prière des disciples — notre prière — est entendue et exaucée de cette merveilleuse façon, c’est que ceux qui requièrent dans la foi « appartiennent au Christ » (Mc 9.41); étant unis à lui, unis les uns aux autres par un amour mutuel (Jn 13.34), détachés des liens de ce monde, victorieux de ses séductions (voir 1 Jn 2.14-17), c’est qu’ils ne présentent que des requêtes qui lui sont agréables. La mention de son nom implique une vraie communion avec Jésus, une communion de cœur; non une émotion superficielle, mais un amour dont la réalité s’exprime dans la conservation de ses paroles et de ses commandements.
Une telle obéissance ne relève évidemment pas de nos pauvres forces humaines. À nos requêtes, efficaces déjà, voici que s’ajoute une requête plus efficace encore : « Je prie le Père, dis Jésus, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité » (Jn 14.16). Cet Esprit, le Père nous l’envoie à la requête de son Fils, il nous le donne, car nous sommes, par nous-mêmes, incapables de le voir, de le connaître, de le recevoir (Jn 14.17; voir 1 Co 2.8-14). Nous voilà donc comblés!
Et pourtant, ni la promesse de demeures célestes et du retour glorieux du Christ, ni la grandeur de notre mission, ni l’efficacité de nos prières, ni même le don du Saint-Esprit ne suffisent à dissiper notre regret de l’absence de notre Sauveur en qui nous croyons et que nous aimons sans jamais le voir! Ne restons-nous pas, quand même, des orphelins séparés de l’auteur de notre vie?
Voici donc la consolation dernière : « Je viens à vous » (Jn 14.18). Elle vise d’abord la résurrection : « Vous me verrez de nouveau, parce que je vais auprès du Père. […] Vous avez maintenant de la tristesse; mais je vous verrai de nouveau, votre cœur se réjouira, et nul ne vous ôtera votre joie » (Jn 16.16,22). Oui, ressuscité, il rejoint ses disciples, et ils le voient. Et nous le voyons, nous aussi, avec les yeux de la foi, et nous en vivons selon sa promesse : « Parce que je vis, vous aussi vous vivrez » (Jn 14.19).
Plus encore, cette résurrection inaugure une ère nouvelle; chacun de ceux qui aiment le Christ et dont l’amour tend à exprimer, à vivre ses commandements, fait l’expérience de la puissance de sa résurrection. Alors, le Père se penche sur lui avec une ineffable sollicitude : « Mon Père l’aimera », dit Jésus, qui, de plus, lui accorde le don d’une vision bouleversante : « Je me ferai connaître à lui » (Jn 14.21), c’est-à-dire : « Je lui découvrirai, je lui révélerai mon plus profond secret : le secret de ma présence et de mon amour. »
L’apôtre Jude manifeste alors son désappointement qu’il existe une limitation, à première vue si consternante, de la puissance de Dieu. Le Christ ressuscité et glorifié ne se montrera-t-il donc pas en public, au monde entier, pour emporter l’adhésion de tous? Eh bien non! Le Seigneur n’envisage rien de tel : seulement une visitation d’amour réservée « aux siens »! Il répond à Jude en posant la loi rigoureuse de la conversion. Il n’y a, il n’y aura pour le monde aucune manifestation visible du Christ ressuscité. Il se montrera « non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance par Dieu » (Ac 10.40-41). Qui veut le voir doit l’aimer. Alors seulement, le Père et le Fils viennent à nous et « font leur demeure chez nous »; car, dit Jésus : « Si quelqu’un m’aime […], nous ferons notre demeure chez lui » (Jn 14.23). Notre demeure! Voilà le mot qui désignait déjà « la demeure céleste » du début de ce chapitre. Le sanctuaire, la « maison du Père » (Jn 14.2) n’étaient qu’incomplètement révélés dans le Temple de Jérusalem. Voici que Dieu et son Fils descendent en chaque croyant; car chaque croyant est beaucoup plus que le Temple. La promesse de l’Ancien Testament est accomplie : « J’habiterai au milieu d’eux » (Ex 25.8). « Pousse des cris de joie, réjouis-toi, car je viens pour habiter au milieu de toi! dit l’Éternel » (Za 2.10). Mais cette promesse est liée à la double exigence de l’amour et de l’obéissance.
Cascade de grâces! Pluie de consolations! Pléthore de cadeaux! Quel honneur, quelle gloire pour nous! Indignes? Nous le sommes, mais notre dignité est en Christ. Mes amis, contemplons ce but, cette maison, ce chemin, la grandeur de notre mission, la puissance de la foi, l’efficacité de la prière; acceptons cette présence de l’Esprit, le Père et le Fils vivant en nous, leur amour! Nous connaîtrons alors le mystère du Christ, et nous en vivrons. Vous en vivrez — oui, vous!