Josué 5 - Pourquoi les enfants des Israélites n'ont-ils pas été circoncis avant l'entrée en Canaan?
Josué 5 - Pourquoi les enfants des Israélites n'ont-ils pas été circoncis avant l'entrée en Canaan?
« Tout le peuple qui était sorti d’Égypte avait été circoncis, mais de tout le peuple né dans le désert pendant la route, après la sortie d’Égypte, on n’avait circoncis personne. […] Josué les circoncit, car ils étaient incirconcis du fait qu’on ne les avait pas circoncis en route. »
Josué 5.5,7
Josué 5.7 mentionne que les enfants des parents qui avaient quitté l’Égypte par le bras puissant de Dieu n’avaient pas été circoncis pendant la traversée du désert, alors que leurs parents sont tous morts dans le désert. Mais, juste après la traversée du Jourdain et juste avant d’entrer à Jéricho, Josué a circoncis tout le peuple. C’est comme si Moïse avait reçu l’ordre de ne pas circoncire les enfants des parents qui avaient refusé d’entrer dans la terre promise jusqu’au jour où la nouvelle génération était prête à prendre possession de la terre promise. Comment comprendre ce passage? Est-ce que c’est comme si nous refusions le baptême à des parents qui ne sont pas chrétiens et que nous baptiserions leurs enfants repentants?
En fait, il semble bien que ce passage soulève au moins quatre questions :
- Pourquoi les garçons en Israël n’avaient-ils pas été circoncis dans le désert?
- Pourquoi n’ont-ils pas été circoncis dans les plaines de Moab, juste avant l’entrée en Canaan?
- Pourquoi ont-ils été circoncis précisément après avoir franchi le Jourdain, et pas plus tard?
- Comment cela s’applique-t-il à nous aujourd’hui?
1. Pourquoi les garçons en Israël n’avaient-ils pas été circoncis dans le désert?⤒🔗
Le texte de Josué 5 ne répond pas de façon directe à cette question, mais plutôt de façon indirecte. On pourrait toujours avancer que ce sont les Israélites eux-mêmes qui ont été infidèles à l’alliance et qui ont négligé de pratiquer la circoncision sur leurs enfants mâles, ce qui n’est pas faux en soi. « De tout le peuple né dans le désert pendant la route, après la sortie d’Égypte, on n’avait circoncis personne » (Jos 5.5). Dieu leur avait autrefois commandé de circoncire tout mâle parmi eux dès l’âge de huit jours, sous peine d’exclusion du peuple (Gn 17.14), mais ils n’ont pas obéi à cet ordre. On pourrait donc comprendre que c’était une grande faute d’avoir si longtemps négligé de circoncire leurs enfants. Seulement, cette négligence des Israélites n’explique pas tout. Comment comprendre qu’aucun parent n’ait circoncis ses enfants mâles? Comment se fait-il que cette omission ait été si générale? (Après tout, il y a bien aujourd’hui des parents non croyants qui font baptiser leurs enfants par superstition ou par folklore). Il semble bien que l’omission de pratiquer la circoncision pendant leur séjour dans le désert ait été en fait une décision divine décrétée à Israël et mise à exécution sur l’ensemble du peuple par l’intermédiaire de Moïse.
Certains ont pensé que les Israélites ont négligé la circoncision parce que, dans le désert, ils n’en auraient pas senti le besoin. La circoncision était une marque distinctive montrant qu’Israël a été mis à part de toutes les autres nations, il n’aurait donc pas été nécessaire de la pratiquer au désert, puisqu’à ce moment-là les Israélites n’étaient pas menacés de se mélanger à d’autres peuples. Sauf que la circoncision signifie davantage que cela. C’est aussi une marque d’alliance avec Dieu à la gloire de Dieu et utile pour eux. Peu importe où ils se trouvaient, en Égypte, au désert ou en Canaan, cette alliance était en vigueur et son signe avait son utilité, confirmant la communion que Dieu voulait avoir avec son peuple et attestant ses promesses dont ils avaient besoin tout autant dans le désert que dans leur futur pays.
D’autres pensent que, puisque la circoncision se rattachait au don du pays de Canaan (Gn 17.8), cette marque n’était pas obligatoire avant qu’ils s’établissent en Canaan (tout comme certaines lois mosaïques qui n’allaient entrer en vigueur qu’en Canaan, par exemple les lois sur le partage du pays, etc.). Encore là, cela semble une raison insuffisante, puisque cette marque était un rappel et une confirmation non seulement de la possession du pays, mais de la promesse même du pays. Les patriarches ont circoncis leurs enfants justement dans l’espérance de cette promesse et dans l’espérance de la promesse plus grande de la cité céleste.
D’autres encore pensent que Dieu leur a montré sa faveur en n’exigeant pas la circoncision pendant la traversée du désert. Puisqu’ils devaient constamment se déplacer, il aurait été cruel ou très pénible de transporter des bébés opérés ou d’avoir à les soigner pendant le trajet. Encore là, ce n’est pas tout à fait convaincant, puisqu’il leur arrivait de s’arrêter longuement au même endroit, jusqu’à un mois ou un an (Nb 9.22). D’ailleurs, ce n’était sûrement pas plus difficile de prendre soin d’un bébé circoncis dans le désert que d’accoucher dans le désert. Le commandement de circoncire donné à Abraham était bien plus précieux que les inconvénients qu’ils pouvaient subir de cette opération.
Il semble donc que la raison de cette omission soit la colère même de Dieu contre cette génération incrédule et indocile. On le voit indirectement par la raison qui est donnée au fait que Josué devait maintenant circoncire cette nouvelle génération.
« Voici la raison pour laquelle Josué les circoncit : tout le peuple qui était sorti d’Égypte, les mâles, tous les hommes de guerre, étaient morts dans le désert pendant la route, après leur sortie d’Égypte » (Jos 5.4).
Il fallait que cette étape soit franchie et que tous les hommes de guerre soient morts dans le désert avant d’ordonner la circoncision de la génération suivante. La circoncision était un signe et un sceau de la promesse de Dieu, et cette promesse incluait le pays de Canaan. Les patriarches ont circoncis leurs enfants avec la foi dans cette promesse. Sauf qu’après leurs murmures, leurs révoltes et leur incrédulité à Kadesh (Nb 14), le Seigneur avait décrété qu’ils n’entreraient pas dans son repos et il leur avait révélé sa volonté à cet égard. Il avait décidé qu’ils mourraient tous dans le désert et que personne d’entre eux n’entrerait en Canaan, sauf Josué et Caleb qui avaient cru dans la promesse.
C’est ce que nous dit Josué 5.6, précisément dans le contexte de cet événement de la circoncision en Canaan :
« En effet, les Israélites avaient marché quarante ans dans le désert, jusqu’à la disparition du contingent des hommes de guerre sortis d’Égypte qui n’avaient pas écouté la voix de l’Éternel; l’Éternel leur avait juré de ne pas leur faire voir le pays que l’Éternel avait juré à leurs pères de nous donner, pays découlant de lait et de miel » (Jos 5.6).
Dieu avait d’abord juré à leurs pères de leur donner ce pays, et son serment fut accompagné d’un signe sur eux et sur leurs enfants. Puis, à cause de leur désobéissance générale, Dieu leur avait ensuite juré de ne pas leur faire voir ce pays, et cet autre serment fut accompagné de l’absence du signe corporel sur leurs enfants.
Il peut paraître étrange que ce soient les enfants qui devaient en quelque sorte être « punis » ou non gratifiés du signe de la faveur de Dieu, alors que ce sont leurs parents qui devaient mourir dans le désert, tandis que les enfants et les petits-enfants, eux, avaient toujours la promesse d’entrer dans le pays (Nb 14.31). Évidemment, il n’était pas possible pour ces parents (masculins) d’enlever la marque de la circoncision qu’ils avaient déjà sur eux-mêmes… C’est donc leurs enfants mâles que Dieu a privés de cette marque, pour exprimer aux parents qu’il était en colère contre eux, les parents, et que cette colère se répercutait même sur leurs enfants, du moins pour un certain temps. Les enfants ont bien été obligés de les suivre pendant 40 ans au désert et d’enterrer leurs parents décédés dans le désert sans qu’ils aient vu la terre promise.
Josué 5.6 nous rappelle Nombres 14.32-33 où Dieu avait déclaré à Israël :
« Vos cadavres, à vous, tomberont dans ce désert; et vos fils seront nomades quarante années dans le désert et porteront le poids de vos infidélités, jusqu’à ce que vos cadavres soient tous tombés dans le désert. »
Ne pas avoir porté le signe de l’alliance est bien peu de choses comparées au poids que ces enfants ont eu à porter à cause de l’infidélité de leurs parents, mais cette absence de circoncision était tout de même une indication de la défaveur de Dieu sur cette génération. L’alliance était en quelque sorte « suspendue » pendant un certain temps, ou tournée en malheur, du moins partiellement, puisque Dieu leur accorda tout de même de nombreuses marques de sa faveur et de sa protection (la manne, l’eau du rocher, la colonne de nuée et de feu, l’arche de l’alliance, le prophète de Dieu qui marchait à leur tête, les vêtements qui ne se sont pas usés, etc.).
Puisque Josué et Caleb étaient une exception et que cette sentence de mort dans le désert n’était pas pour eux, on peut penser sans le prouver que leurs enfants ont pu avoir été circoncis dans le désert.
« Dans son indignation, il fit serment en ces termes : Aucun des hommes de cette génération méchante ne verra le bon pays que j’ai fait serment de donner à vos pères, excepté Caleb, fils de Yephounné; il le verra, lui, et je lui donnerai à lui et à ses fils, le pays sur lequel il a marché, parce qu’il a pleinement suivi la voie de l’Éternel » (Dt 1.34-36).
La circoncision était simplement le signe et le sceau de cette promesse.
Je comprends donc que cette omission générale de circoncire les enfants dans le désert était une indication, pour les parents et pour leurs enfants, de la colère de Dieu contre la rébellion des parents. L’alliance était toujours en vigueur, mais elle était appliquée de manière négative (malédictions de l’alliance) sur l’ensemble de cette génération qui a péri au complet dans le désert. Le Seigneur leur a juré qu’ils n’entreraient pas dans son repos. Dieu leur a signifié sa décision en les privant tous de voir leurs enfants circoncis. Pour leurs enfants, cette mesure disciplinaire était bien réelle également, mais ne devait être que temporaire. Le Seigneur, dans sa patience et dans sa grâce, avait pour eux encore des richesses de sa faveur à leur donner dans le pays promis.
2. Pourquoi n’ont-ils pas été circoncis dans les plaines de Moab, juste avant l’entrée en Canaan?←⤒🔗
Comment alors comprendre que cette nouvelle génération n’ait pas été circoncise un peu plus tôt? Par exemple, lorsqu’ils étaient en attente pendant quelques mois dans les plaines de Moab, l’occasion aurait été favorable. Les 40 ans étaient pratiquement terminés et toute la génération précédente qui devait mourir au désert était déjà morte et enterrée (Nb 32.13-14; Dt 2.7). Dieu a même renouvelé son alliance avec eux dans les plaines de Moab. Il leur a redonné sa loi, ses promesses de bénédictions et ses menaces de malédictions (livre du Deutéronome). Il les avait soigneusement préparés à entrer dans le pays promis, sauf qu’ils ne s’étaient pas encore circoncis. Pourquoi? Ils devaient attendre un ordre précis de l’Éternel, et non pas prendre eux-mêmes l’initiative de lever l’interdiction. Moïse n’a pas osé entreprendre une action d’une telle envergure sans un ordre précis du Seigneur. Son successeur Josué non plus. Dieu avait tout mis en place pour le renouvellement de l’alliance dans les plaines de Moab, mais il n’a pas décrété le renouvellement du signe de l’alliance tant qu’ils n’étaient pas entrés dans la terre promise. C’est ce que Dieu fit en Josué 5 en ordonnant à Josué de les circoncire tous.
Le texte et le contexte de Josué 5 nous aident à mieux comprendre. Dieu voulait d’abord leur faire voir sa main puissante à l’œuvre en leur faisant passer le Jourdain à sec (Jos 4.23-24). Il voulait d’abord incliner le cœur de son peuple à l’obéissance en leur donnant la preuve de sa grâce, avant de leur demander ensuite d’obéir à son commandement. Il avait fait la même chose avec Abraham. Il avait conduit Abraham dans la terre promise et l’avait protégé, il avait fait preuve de bonté envers lui, il lui avait fait des promesses et il avait établi son alliance (Gn 12 à 16) avant de lui commander d’être circoncis (Gn 17). D’autre part, du côté du peuple de Dieu, puisque les gens de cette génération qui venaient de passer le Jourdain étaient maintenant des adultes, et non plus des enfants, ils devaient tout d’abord faire un premier pas de foi (contrairement aux enfants qui reçoivent d’abord la circoncision avant même tout acte de foi de leur part). À l’âge où ils étaient rendus, ils devaient donner eux-mêmes une réponse aux promesses et aux obligations de l’alliance, tout comme Abraham avait fait avant de recevoir le signe de la circoncision et avant de l’administrer à sa descendance. Abraham obéit à l’ordre du Seigneur (Gn 12), il crut dans sa promesse et fut justifié (Gn 15), après quoi il fut circoncis (Gn 17). Étant donné que ces Israélites de la deuxième génération n’étaient pas encore circoncis et qu’ils étaient des adultes responsables devant Dieu, ils devaient donner cette réponse avant de recevoir la circoncision.
Autrefois, les douze espions étaient allés explorer la terre promise. Deux seuls d’entre eux avaient présenté un rapport favorable en disant : « Montons et nous prendrons possession du pays; car nous en serons vainqueurs! » (Nb 13.30). C’est malheureusement le conseil des dix espions infidèles qui fut retenu, par incrédulité, ce qui conduisit au jugement de Dieu (Nb 14 cité plus haut). L’incrédulité des pères conduisit les enfants à ne pas recevoir le signe de l’alliance. Maintenant, Josué s’est contenté d’envoyer deux espions (Jos 2) qui sont revenus tous les deux avec un rapport favorable. « Certainement, l’Éternel a livré tout le pays entre nos mains, même tous les habitants du pays défaillent devant nous » (Jos 2.24). Cette fois-ci, contrairement à leurs parents, les enfants d’Israël ont fait un pas de foi collectif. Ce pas de foi, ils l’ont fait en posant la plante des pieds dans les eaux du Jourdain, d’abord les sacrificateurs, puis l’arche de l’alliance (ils n’étaient pas privés de tout signe de l’alliance!); puis tout le peuple qui traversa le Jourdain par la foi (Jos 3 et 4). C’est donc immédiatement après avoir vu la main puissante de Dieu en action et après avoir fait ce pas de foi collectif qu’ils ont tous reçu le signe et le sceau de la circoncision! C’était le moment choisi par Dieu. Il fallait que Dieu ait en vue la rédemption par le sang de Jésus pour leur accorder une telle grâce et leur donner un tel ordre.
3. Pourquoi ont-ils été circoncis précisément après avoir franchi le Jourdain, et pas plus tard?←⤒🔗
Israël est entré dans un pays déjà occupé par des habitants cananéens. Ils ont traversé le Jourdain en face de la fameuse ville forteresse de Jéricho qui protégeait le pays contre les envahisseurs. Le moment paraissait mal choisi pour accomplir cette opération chirurgicale délicate et douloureuse. Israël se rendait plutôt vulnérable en se faisant circoncire dans les plaines de Jéricho, juste après leur entrée. Pourquoi ne pas attendre un peu plus tard? Pourquoi ne pas attendre d’avoir conquis au moins une partie du pays et d’être plus en sécurité? Bien sûr, la réponse est que Dieu ordonna que cela se fasse à ce moment précis. Mais pourquoi Dieu le voulait-il ainsi? Le contexte nous aide encore à comprendre.
Il faut d’abord se demander à quoi sert le signe de l’alliance? Il sert à confirmer la promesse de Dieu et à fortifier la foi de ses enfants. C’est exactement le sens de Josué 5. Dieu venait encourager son peuple! Ils venaient de traverser le Jourdain (Jos 3 et 4). Ils étaient sur le point de prendre Jéricho (Jos 6). Dieu venait de mettre une grande peur dans le cœur des Cananéens qui « perdirent le souffle devant les Israélites », car « ils apprirent que l’Éternel avait mis à sec le cours du Jourdain devant les Israélites » (Jos 5.1-2). Avant qu’Israël passe à l’attaque, Dieu a préparé le terrain du côté des Cananéens, puis par la même occasion il a préparé son peuple. « En ce temps-là, l’Éternel dit à Josué : Fais-toi des couteaux de pierre et, pour la seconde fois, circoncis de nouveau les Israélites » (Jos 5.2). Les Cananéens effrayés n’allaient sûrement pas s’en prendre à Israël. Se circoncire ne comportait donc pas de danger réel. C’était le moment choisi par Dieu. La simple peur des Cananéens était un encouragement pour Israël. La circoncision venait les encourager encore davantage. N’était-ce pas le signe et le sceau de la promesse de Dieu? N’était-ce pas la confirmation de son alliance avec son peuple? Dieu avait renouvelé son alliance (Deutéronome). Il leur a fait traverser le Jourdain, mais maintenant, c’était bien vrai, c’était « taillé dans leur peau », le Seigneur était sur le point d’accomplir sa promesse en leur faveur et de leur permettre de conquérir le pays. Pour les encourager et les fortifier, il leur a donné ce signe de sa faveur bienveillante envers eux.
La célébration de la Pâque au jour prescrit par Moïse, accompagnée de la nourriture du pays et de la cessation de la manne (Jos 5.10-12) ont exactement cette même fonction d’encouragement. Mais pour célébrer la Pâque et y recevoir les forces promises par le Seigneur, il fallait d’abord qu’ils soient circoncis (Ex 12.43-49). Cette double confirmation de l’alliance (circoncision et Pâque) allait donner des forces nouvelles à son peuple face aux difficultés immédiates qui les attendaient et allait leur donner l’assurance de la victoire. En même temps, leur circoncision devait les encourager et les exhorter à faire mieux que leurs pères dans le désert. C’était un douloureux rappel de leur nature pécheresse que Dieu voulait « couper » en même temps qu’un appel à obéir aux lois de Dieu pour qu’elles soient « mises en pratiques dans le pays dans lequel vous allez passer pour en prendre possession », comme Moïse avait dit de la part de Dieu (Dt 6.1).
C’est justement ce que Dieu venait de dire à Josué. « Fortifie-toi, aie bon courage [l’encouragement, le réconfort], en observant et en mettant en pratique toute la loi que t’a prescrite Moïse, mon serviteur » [l’obéissance] (Jos 1.7). Josué devait s’assurer que cette loi soit mise en pratique par tout le peuple dans le pays dans lequel ils venaient d’entrer. Il fallait commencer par la circoncision qui allait réconforter le peuple dans la grâce de Dieu et de son alliance, mais qui allait en même temps les stimuler à obéir désormais aux lois et aux ordonnances de leur Dieu.
Dans les plaines de Moab et dans le contexte de la promesse d’entrer très bientôt en Canaan, Dieu leur avait dit :
« Maintenant, Israël, que demande de toi l’Éternel, ton Dieu, si ce n’est que tu craignes l’Éternel, ton Dieu, afin de marcher dans toutes ses voies, d’aimer et de servir l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme; si ce n’est que tu observes les commandements de l’Éternel et ses prescriptions que je te donne aujourd’hui, afin que tu sois heureux? […] C’est à tes pères seulement que l’Éternel s’est attaché pour les aimer; et, après eux, c’est leur descendance, c’est vous qu’il a choisis d’entre tous les peuples, comme vous le voyez aujourd’hui. Vous circoncirez donc votre cœur et vous ne raidirez plus votre nuque. Car l’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et redoutable, qui ne fait pas de considération de personne » (Dt 10.12-17).
Puis il avait encore ajouté que c’est « dans le pays que l’Éternel, le Dieu de vos pères, te donne pour que vous en preniez possession » qu’ils devaient mettre en pratique ses prescriptions et ses ordonnances (Dt 12.1).
Puis, à la fin du livre du Deutéronome, après le rappel des promesses et des commandements du Seigneur, après l’annonce des bénédictions et des malédictions de l’alliance, et juste avant de nommer Josué successeur de Moïse, Dieu dit aux Israélites toujours incirconcis dans la chair :
« L’Éternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta descendance, pour que tu aimes l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme afin que tu vives » (Dt 30.6).
Dieu leur donnait un puissant encouragement en leur faisant la promesse que lui-même allait transformer leur cœur naturellement pécheur afin qu’ils vivent d’une vie nouvelle dans la terre promise. Promesse de grâce et de transformation spirituelle en profondeur!
C’est donc pour ces raisons, me semble-t-il, qu’ils ont été circoncis dès leur entrée en terre promise. Leur circoncision dans la chair devait servir d’attestation de leur circoncision spirituelle à la fois promise et demandée dans la nouvelle vie qu’ils venaient de commencer dans ce pays de la promesse.
Cela nous fait regarder vers une autre circoncision, la circoncision du cœur (Rm 2.29) que Jésus-Christ a accomplie au moyen de sa mort et qui s’appelle la circoncision du Christ (Col 2.11). C’est la raison pour laquelle Dieu dit à Josué le jour même où ils furent circoncis : « Aujourd’hui, j’ai roulé loin de vous la honte de l’Égypte » (Jos 5.9). Le verbe « rouler » fait référence au prépuce circoncis, tandis que « la honte de l’Égypte » se rapporte au cœur idolâtre et rebelle de leurs pères qu’ils ont « exporté » d’Égypte, mais que Dieu ne voulait pas voir « importé » dans la terre promise. En d’autres mots, le passé était terminé. Dieu n’allait plus leur tenir rigueur des péchés de leurs pères. C’est lui-même qui accomplissait l’acte de « rouler loin d’eux la honte de l’Égypte » et de les purifier des péchés de leurs pères qui s’attachaient encore à eux. Il les réconfortait par la confirmation de son alliance et l’assurance de son pardon et de la victoire, et voulait vivre avec eux un nouveau début dans une obéissance nouvelle par la grâce qui leur était promise d’être véritablement son peuple, avec lui qui s’engageait à être leur Dieu. Leur circoncision en était une confirmation et un appel de la part de Dieu.
4. Comment cela s’applique-t-il à nous aujourd’hui?←⤒🔗
Je ne crois pas qu’il soit possible de trouver des liens précis entre tous les détails de l’histoire d’Israël au désert et les diverses circonstances particulières des gens incrédules dans l’Église ou dans la société d’aujourd’hui. Par exemple, même si Israël n’avait plus le signe de la circoncision, Dieu leur avait quand même donné des encouragements par d’autres signes de sa présence, dont certains étaient extraordinaires (la manne, l’eau du rocher, la colonne de nuée et de feu, l’arche de l’alliance, le prophète de Dieu qui marchait à leur tête). Je pense quand même qu’il est tout à fait justifié de faire un rapprochement entre cette histoire et le cas de parents qui ne sont pas chrétiens et de leurs enfants repentants. Je pense que c’est une bonne application de ce passage. Je développerai un peu plus de la manière suivante :
La période du désert pendant laquelle les Israélites n’ont pas circoncis leurs enfants revêt un caractère exceptionnel dans l’histoire d’Israël. C’était une mesure disciplinaire collective pour une désobéissance de l’ensemble du peuple de Dieu, et cette mesure leur signifiait la colère de Dieu et sa détermination à ne pas faire entrer l’ensemble de cette génération indocile dans son repos. Cependant, cette période exceptionnelle typifie dans le Nouveau Testament l’entrée (ou non) dans le repos éternel de Dieu (Hé 3 et 4).
Aujourd’hui, la menace de ne pas entrer dans son repos ne frappe pas l’ensemble de l’Église universelle partout en même temps pour une période limitée de 40 ans. Toutefois, cette menace demeure encore en vigueur pour tous ceux qui persistent dans leur endurcissement, et la pleine exécution de la colère de Dieu s’accomplira lors du châtiment éternel. Cependant, dès aujourd’hui, les gens qui font partie du peuple de Dieu et qui manifestent un endurcissement dans l’incrédulité devraient être disciplinés, même s’ils ont été baptisés, ou plutôt parce qu’ils ont été baptisés et parce qu’ils ne répondent pas avec foi aux promesses de Dieu dont ils ont reçu le signe et le gage. Ceux qui refusent de se repentir, nous devons leur annoncer les malédictions de l’alliance et nous devons exercer sur eux la discipline prescrite par le Seigneur. Nous ne devrions pas non plus administrer le baptême aux enfants des non-chrétiens ou aux enfants de ceux qui se sont détournés des voies du Seigneur, puisque l’alliance commence avec les parents.
Cependant, même si nous sommes infidèles, Dieu, lui, demeure fidèle, et son alliance d’amour et de grâce s’étend d’âge en âge et va durer jusqu’à la fin du monde. D’une génération à l’autre, il va s’assurer qu’il y ait toujours des gens sur la terre qui l’adorent et qui rendent témoignage de l’œuvre rédemptrice de son Fils Jésus-Christ. Sa grâce est plus forte que nos incrédulités! Les péchés des pères ont des conséquences importantes sur leurs enfants qui doivent porter le poids de l’infidélité de leurs parents. C’est une douloureuse réalité qu’il nous faut prendre au sérieux. Cependant, il y a toujours de l’espoir pour la nouvelle génération, même si leurs parents se sont éloignés du Seigneur.
Je pense que cela s’applique très bien à notre temps, même s’il y a bien des différences d’avec l’époque de Josué. Les jeunes d’aujourd’hui dans notre société n’ont pratiquement plus aucune « culture biblique » parce que leurs parents se sont détournés de la foi, mais Dieu est assez puissant pour ramener à lui plusieurs de cette nouvelle génération. Nous pouvons donc espérer un renouveau et des fruits abondants de notre évangélisation auprès des jeunes. Nous ne devrions jamais nous résigner à dire que « le sol est rocailleux comme dans le désert ».
Ces jeunes qui n’ont pas de parents chrétiens, qui deviennent adultes et qui n’ont jamais été baptisés doivent d’abord entendre l’Évangile et répondre à l’appel de Dieu. Ils doivent d’abord croire en ses promesses en Jésus-Christ et manifester leur foi par un début d’obéissance à sa Parole avant d’être baptisés.
Le sacrement du baptême n’est pourtant pas un témoignage de la foi ou de l’engagement de la personne, mais demeure un signe et un sceau de la promesse de Dieu. C’est une attestation que Dieu est puissant pour « nettoyer la honte de l’Égypte » qui s’attache aux enfants des incrédules. Sa grâce est assez forte pour les amener à « tourner la page » et vivre la vie nouvelle. Dieu nous a donné le baptême pour notre encouragement et pour nous aider à marcher toute notre vie par la foi en ses promesses, face aux dangers, aux péchés et au combat spirituel qui nous attendent. C’est un moyen par lequel Dieu veut fortifier son peuple et lui faire goûter de plus en plus pleinement ses promesses de rédemption en Jésus-Christ. C’est aussi un appel à vivre dans l’obéissance nouvelle.
Le Seigneur veut nous assurer de sa promesse d’être entièrement lavés de nos péchés par le sang de Jésus-Christ et par l’action puissante de son Esprit dans nos cœurs. Cette promesse est aussi vraie pour ceux dont les parents avaient un cœur incrédule et endurci, car sa grâce est plus puissante que notre nature pécheresse héritée de nos parents. Le baptême est donné aux nouveaux convertis (non baptisés) pour les réconforter dans la promesse de cette grâce et pour les appeler à se purifier et se détacher de plus en plus du péché, peu importe la gravité des péchés de leurs parents.
Tout comme Dieu avait ordonné à Josué de circoncire tout le peuple de Dieu, de même nous avons encore l’obligation de baptiser tous les membres du peuple de Dieu et de nous assurer que les croyants et leurs enfants reçoivent le signe et le sceau de l’alliance et des promesses de Dieu. Dieu n’a pas dit à Josué que la circoncision des Israélites et de leurs enfants était optionnelle. Nous n’avons pas le droit de nous priver, nous et nos enfants, du symbole et du gage de son alliance. De plus, nous faisons partie d’un peuple, le peuple des rachetés et la nation sainte de Dieu, et nous ne pouvons pas vivre notre foi de façon individuelle. Nous marchons ensemble vers la terre promise, derrière Jésus-Christ, le Chef de l’armée de l’Éternel.