La lecture de la Bible
La lecture de la Bible
Reconnue universellement comme le livre à plus gros tirage de la littérature de tous les temps, la Bible ne cesse d’être, en même temps, le livre le plus énigmatique de tous. Elle exerce son attrait sur les gens ordinaires comme sur les esprits les plus cultivés. Mais elle reste entourée d’un mystère qu’il faut élucider à tout prix. Et il ne suffit pas d’en tirer quelques impressions religieuses générales. Puis-je vous suggérer de commencer à la lire à partir de maintenant comme si c’était la première fois?
1. Les difficultés rencontrées en lisant la Bible⤒🔗
On a dit de la Bible qu’elle était un livre d’une très haute inspiration. Mais ce même livre laisse certains lecteurs indifférents et il existe une autre catégorie de lecteurs à qui ces pages n’inspirent aucun sentiment positif. Car des chapitres pleins de sombres récits et de portraits d’hommes et de femmes durs et cruels figurent à côté d’autres passages et d’autres visages qui pourraient exalter nos esprits. Tel ou tel récit de la Bible a dû heurter plus d’une sensibilité qui ne cherchait là qu’idéalisme, noblesse et morale! Qu’il est difficile en effet de s’approcher de ce livre! Je suis persuadé que sa lecture soulève un réel problème.
C’est pourquoi je propose de ne pas tenir compte de ce que vous avez entendu dire à son sujet, qu’il s’agisse d’appréciations critiques ou élogieuses. Je vous propose de ne pas écouter certains avis aussi gentils qu’inoffensifs! Je voudrais également mettre le lecteur en garde contre ceux qui la dénigrent. Aussi paradoxal et aussi incompréhensible que cela puisse paraître, il faut reconnaître en toute objectivité que les critiques les plus virulentes adressées à la Bible proviennent de la part de certains qui professent, apparemment, la foi chrétienne.
Depuis au moins deux siècles, des spécialistes, ou gens qui se disent tels, ont parlé et écrit pour discréditer le Livre saint. Ces hommes ont conseillé de lire « entre les lignes » de la Bible; il semble, hélas!, qu’ils aient été incapables de lire les lignes elles-mêmes.
Cherchant une aiguille dans une botte de foin, ces spécialistes de la critique ont — comme des aveugles — passé sans le voir le grand arbre dressé en face d’eux et chargé de feuillage et de fruits. Ils ont utilisé toutes les méthodes scientifiques pour parvenir à leurs fins. Depuis l’histoire comparative des religions jusqu’aux règles de la philologie et de la sémantique, depuis les méthodes critiques historiques jusqu’à la lecture dite structurale — en passant même par les services d’ordinateurs électroniques — ces « savants » ont cru devoir « décoder », « décrypter » le message pourtant si clair de l’Écriture. Il faut faire barrage à ce genre de méthodes, d’autant plus que l’amphigouri et la poudre aux yeux dissimulent de plus en plus difficilement une méconnaissance des règles élémentaires de la langue et du langage biblique, tout comme les médecins de Molière cachaient leur ignorance et leur incapacité derrière un déluge de propos pseudo-savants.
En tant que ministre de la Parole de Dieu, je tiens à affirmer l’autorité souveraine de la Bible en accord avec toutes les confessions de foi et notamment avec celle de 1559, dite de La Rochelle, confession officielle des Églises réformées de France.
On m’objectera peut-être que cette affirmation convient parfaitement à ceux qui en sont déjà convaincus, que je peux bien convaincre des convertis, mais comment persuader ceux qui ne le sont pas?
Je crois que la lecture de la Bible présente un problème réel. C’est pourquoi je ne commencerai pas par vous promettre que tout s’éclairera soudainement et de façon systématique. Je ne vous conseillerai pas de lire, par exemple, tel passage des Évangiles pour découvrir assez rapidement toute la clarté et l’essentiel de la révélation chrétienne. En mon for intérieur, je suis au contraire persuadé qu’une telle lecture ne serait pas profitable, mais qu’elle risquerait de désorienter, si ce n’est de décourager. Il en est ainsi, à moins — et c’est là la clé de la lecture de la Bible — que Dieu ne vienne renouveler l’intelligence.
Sans l’intervention de Dieu, le lecteur a de fortes chances de ne rien comprendre à la lecture de la Bible. J’avoue que cette affirmation est bien embarrassante, même pour moi qui reconnais son autorité suprême. Mais ceci n’est pas une appréciation personnelle. Je me fonde précisément sur l’Écriture sainte pour répéter avec elle que l’homme naturel ne comprend ni ne reçoit les choses de Dieu. Il n’y a que l’homme spirituel qui soit capable de saisir son message, celui qui a été préparé à cet effet par l’Esprit de Dieu (1 Co 2.9-16).
Voyez combien j’aurais induit en erreur en conseillant de lire la Bible sans présenter cette condition. Peut-on, par exemple, capter un message diffusé sur grandes ondes si le récepteur que l’on possède n’est équipé et n’est réglé que pour recevoir les ondes courtes? Personne n’est naturellement équipé pour recevoir le message de Dieu. Il faut à tout prix tenir compte de ce problème et, honnêtement, je ne tiens pas à le dissimuler. Je ne tiens pas à parler et à agir à la manière des marchands qui tentent à tout prix de vendre un produit difficile à écouler. Si Dieu n’intervient pas, personne ne comprendra quoi que ce soit à ce que dit la Bible.
2. La puissance transformatrice du message de la Bible←⤒🔗
L’autre face de la même vérité est que, à moins d’être changé par l’Esprit de Dieu, vous risquez fort d’être troublé par la lecture de la Bible. Mais Dieu chasse les obscurités et opère cette transformation de notre esprit et de notre vie. Rappelez-vous les paroles écrites par saint Pierre : « Régénérés par la Parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pi 1.23). S’il existe un problème réel, la Bible ne s’attarde pas devant lui; elle ne reste pas bloquée par l’obstacle. Elle s’offre à nous comme la plus grande et la plus merveilleuse des possibilités. Vous ne serez pas transformés par la grâce à moins de lire la Bible. C’est là une vérité complémentaire et non point contradictoire.
Le troublant problème dont nous faisions état cessera de nous tourmenter pour devenir une merveilleuse possibilité. Car la Bible est moyen de grâce pour faire naître en nous la foi, la nourrir et la soutenir. Son message opère un brusque revirement dans nos orientations et nos choix : il change notre conduite. Le premier résultat de sa lecture est celui de nous faire découvrir la cause de la tragédie humaine. Car la Bible est lucide, extrêmement réaliste, n’enveloppant pas la désolante réalité du péché d’une parure dorée. Elle va jusqu’à nous parler du courroux de Dieu sur toutes nos transgressions, de son jugement sur chacun de nos égarements, de sa détermination souveraine à briser toute rébellion contre sa Parole. Mais c’est la même Bible qui nous annonce aussi la grâce divine qui restaure et qui pardonne, qui nous affranchit de l’insupportable sentiment de culpabilité.
La Bible nous dit comment quelqu’un d’autre a payé le prix de nos iniquités, a subi le châtiment que nous méritions, s’est vu infliger la malédiction qui nous était destinée. Il porta tous nos péchés sur son corps meurtri, sur sa croix maudite. Jésus-Christ, Fils de Dieu, se trouve au centre de la Bible dès le début et jusqu’à la dernière page. L’Ancien Testament prépare sa venue; le Nouveau Testament confirme la réalisation du salut. Croire en lui, ce n’est pas entendre simplement une nouvelle agréable. C’est être transformé, connaître une vie nouvelle comme celle d’une résurrection. Il n’y a que la Bible qui nous en informe. Même les pages les moins impressionnantes sont chargées d’une partie de cette nouvelle qu’elles complètent et confirment à leur manière. Il n’y a pas de parties à rejeter.
Comment lire la Bible? Cela ne pose pas de problème intellectuel. Sa lecture est la seule possibilité d’entendre la Bonne Nouvelle de la grâce divine.
Celui qui cherche sincèrement la vérité, partant Dieu en personne, ne manquera pas de trouver le message central de l’Écriture. La Bible est destinée à nous révéler et non pas à nous cacher Dieu et son amour. Bien que cette révélation soit limitée à cause de notre situation d’hommes pécheurs, ce qui nous apparaît comme insaisissable ne l’est qu’à cause de l’endurcissement de notre cœur. Sans nier le mystère profond, les vérités insondables et les passages difficiles qui pourraient parfois troubler le lecteur, nous confessons que la Bible possède toute la clarté dont nous avons besoin pour marcher dans la lumière de Dieu.
Pour aider le lecteur à comprendre le sens des textes ou à saisir des vérités difficiles, des pasteurs et des théologiens doivent exercer un ministère d’enseignement. Parfois, on doit proposer des explications qui n’ont pas une valeur permanente, mais temporaire. Mais l’essentiel nous a été révélé : Dieu, notre Seigneur en Jésus-Christ, nous y parle de son amour et de son pardon, de sa sainteté comme de ses exigences. Il nous faut lire la Bible. Cette lecture nécessitera une certaine connaissance et une familiarité avec son langage, son style, le genre d’histoire et de littérature qui lui sont particuliers. Mais il est clair que quiconque s’approche de ce livre avec respect et le ferme désir d’y découvrir la vérité, le chemin et la vie du salut, celui-là n’a pas besoin d’une licence universitaire pour le comprendre. Dieu y parle à l’enfant et à l’adulte; à l’homme instruit et à celui qui est simple; aux sages de ce monde, mais aussi à ceux qui ont soif de rencontrer Dieu. Derrière chaque histoire, discours et texte — parfois même derrière les textes qui nous semblent à première vue arides —, Dieu s’adresse à nous.
Dieu nous parle pour nous contester, pour mettre en question notre manière de vivre, pour nous convaincre de l’absurdité de notre comportement vis-à-vis de lui. Il nous démontre notre profonde misère et les conséquences désastreuses de notre rupture avec lui. Mais Dieu n’entame pas ce procès par esprit de contradiction.
Sa polémique ne vise pas notre anéantissement. S’il nous confond, c’est parce que son cœur paternel est ému envers nous. Des images pittoresques et un ton toujours affectueux sont employés sans répit pour nous persuader de revenir à lui. La Bible devient ainsi non pas une lettre morte, mais le message vivant et personnel d’une lettre d’amour.
Quelle est l’idée que vous vous faites de Dieu, de votre personne, du monde? N’auriez-vous pas en vain tenté de trouver une solution à tous les problèmes de l’existence? N’auriez-vous pas cherché des solutions sur des chemins tortueux qui vous ont égaré? Peut-être avez-vous eu recours à une réflexion apparemment logique, mais qui, à la longue, vous a conduit à l’impasse, voire au désespoir? Ou bien vous êtes-vous tourné vers d’autres religions et d’autres idéologies sans trouver la réponse pour autant?
Dieu, lui, s’est révélé. La Bible est le document de cette révélation. Pourquoi ne pas la lire? L’auteur du quatrième Évangile termine son livre en ces termes : « Mais ceci est écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jn 20.31).
Ainsi un pont est jeté entre le ciel et la terre. Le poteau indicateur en est la Bible. Jusqu’à la fin des siècles, nous y trouverons le plan de Dieu. Un jour peut-être, des hommes parviendront à mettre pied sur le vaste univers. Il va falloir qu’ils emportent avec eux dans leurs bagages une Bible, car « toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne » (2 Tm 3.16).