Luc 22 et Hébreux 7 - Prières et supplications du Serviteur souffrant
Luc 22 et Hébreux 7 - Prières et supplications du Serviteur souffrant
« Après être sorti, il alla, selon sa coutume, au mont des Oliviers. Ses disciples le suivirent. Arrivé à cet endroit, il leur dit : Priez, afin de ne pas entrer en tentation. Puis il s’écarta d’eux d’environ un jet de pierre, se mit à genoux et pria, en disant : Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. Toutefois que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. En proie à l’angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre. Il se releva de sa prière et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse et il leur dit : Pourquoi dormez-vous? Levez-vous, priez, afin de ne pas entrer en tentation. »
Luc 22.39-46
« C’est lui qui, dans les jours de sa chair, offrit à grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort. Ayant été exaucé à cause de sa piété, il a appris, bien qu’il fût le Fils, l’obéissance par ce qu’il a souffert. »
Hébreux 5.7-8
L’occasion nous est encore donnée de nous souvenir de la mort précieuse de notre Sauveur. La Bible nous présente parfois des événements glorieux, pleins de joie, parfois des événements douloureux pleins de souffrance. La résurrection de Jésus d’entre les morts a été précédée des souffrances et des angoisses inexprimables de Jésus, dans son corps et dans son âme. Prenons-nous plaisir à nous rappeler son agonie? Bien sûr que non. Mais nous prenons plaisir à méditer ce que l’Esprit Saint nous a révélé pour la plus grande gloire de Dieu et pour notre plus grand bien. Méditons aujourd’hui sur son agonie.
Pour nous, c’est difficile de comprendre. Personne n’a jamais autant souffert. Personne ne peut dire : « Je sais exactement ce qu’il a enduré. » Sa passion est unique au monde. Rien n’est comparable dans l’histoire de l’humanité. Jésus n’a pas seulement souffert avec nous ou comme nous. Il a souffert pour nous, à notre place, pour que nous évitions de souffrir les tourments éternels de la colère de Dieu que nous méritions.
La lettre aux Hébreux nous présente Jésus dans toute sa faiblesse :
« C’est lui qui, dans les jours de sa chair, offrit à grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort. Ayant été exaucé à cause de sa piété, il a appris, bien qu’il fût Fils, l’obéissance par ce qu’il a souffert » (Hé 5.7-8).
Les prières de Jésus font partie de son humiliation pour notre salut. Ce sont les prières et les supplications du Serviteur souffrant. Nous verrons :
1. L’expression de sa prière⤒🔗
Jésus a offert des prières et des supplications « dans les jours de sa chair » (Hé 5.7). Cette période fait contraste avec la période précédente, quand le Fils de Dieu était dans toute sa gloire auprès du Père. Elle fait contraste aussi avec la période suivante, quand notre Grand-Prêtre est parvenu dans la présence même de Dieu, comme nous dit Hébreux 4.14. Jamais, dans l’éternité passée, Jésus n’avait eu besoin de prier à grands cris et avec larmes. Plus jamais, une fois monté au ciel, il n’aura besoin de prier à grands cris et avec larmes. Oui, bien sûr, il prie encore. Il prie pour nous devant son Père, il intercède pour nous tous les jours, mais plus jamais avec des larmes, plus jamais dans la douleur. Il prie maintenant dans sa gloire. Son corps est glorifié et son âme est complètement libérée des tourments.
L’expression « dans les jours de sa chair » désigne le temps qu’il a passé sur la terre, quand il avait un corps faible et mortel. Depuis Bethléem jusqu’à Golgotha, il a ressenti la douleur physique, l’anxiété mentale, le tourment spirituel. Il a fait l’expérience des mêmes souffrances que nous, et bien pire encore. Ce que nous pouvons ressentir, il l’a ressenti, avec beaucoup plus d’intensité que nous. Nous sommes engourdis par la pollution du péché. Lui, ses sens étaient toujours en éveil. Sa sensibilité morale et spirituelle était la plus vive. Il a eu faim, il a eu soif, il s’est mis en colère, il a eu des tristesses, des joies, de la fatigue. Il a aussi prié. Il se tournait toujours vers son Père pour prier. Il était comme vous et moi. Il avait besoin de prier. Il n’est pas venu comme un surhomme capable de résoudre ses problèmes tout seul. Il n’a jamais prétendu mener une vie autonome par rapport à son Père céleste. Sa force et sa joie se trouvaient en Dieu. Son courage, il le puisait dans la prière. Si nous pouvions être des hommes et des femmes de prière, comme lui était un homme de prière!
« Jésus offrit à grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Hé 5.7). Jésus a prié à toutes sortes d’occasions. Mais ici, l’auteur de l’épître aux Hébreux pense à une occasion bien précise. À quel moment Jésus a-t-il prié avec tant d’intensité? Au jardin, à Gethsémani, juste avant son arrestation. C’est là qu’il avait besoin de crier dans les larmes à celui « qui pouvait le sauver de la mort ». Il était dans l’angoisse extrême. Il a dit à ses disciples : « Mon âme est triste jusqu’à la mort; restez ici et veillez avec moi » (Mt 26.38). Devant lui se dessinait à l’horizon une réalité terrible : le supplice de la croix, le tourment de la colère de Dieu prête à le frapper à cause de nos péchés.
Jésus savait depuis le début ce qui l’attendait. Le bon Berger est venu dans le monde pour donner sa vie pour ses brebis. Mais maintenant, l’heure était venue. Jésus ressentait l’horreur qui l’envahissait. Dans l’angoisse, il s’est jeté le visage contre terre et il a prié ardemment. Luc l’exprime ainsi : « En proie à l’angoisse, Jésus priait plus instamment » (Lc 22.44). Il priait avec encore plus d’ardeur. « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » (Mt 26.39). Non, Jésus n’était pas insensible. Il n’était pas fait de glace. Il est vrai Dieu et en même temps vrai homme. Il a réellement vécu notre humanité. Cet homme si fort et courageux, rempli du Saint-Esprit, il a supplié son Père avec ardeur, dans la faiblesse et l’humilité.
Il nous arrive de fermer la porte de notre chambre, de tomber à genoux et d’implorer Dieu : « Seigneur, je t’en supplie, viens à mon secours, viens me délivrer… » Il est difficile d’imaginer que Jésus a fait la même chose. Et pourtant, oui, il l’a fait! Il a épanché son âme devant Dieu : à grands cris, avec des pleurs, il a présenté des prières et supplications. N’ayons pas honte de nos faiblesses. N’hésitons pas à épancher notre âme devant Dieu et à présenter au trône de la grâce tout ce qu’il y a dans nos cœurs. Le Seigneur a versé des larmes avant nous. Il connaît nos angoisses, il en a connu des pires. Il est capable de compassion. Confions-lui nos problèmes. Ses mains se sont déjà élevées vers le ciel, ses genoux ont déjà été bien entraînés à la prière. Des larmes ont coulé de ses yeux! Des cris sont sortis de sa bouche! N’aurait-il pas une grande compassion dans son cœur pour ses brebis?
Au plus creux de l’épreuve, Jésus a continué à prier. Souvent, dans l’épreuve, nous nous durcissons, nous nous révoltons, nous arrêtons de chercher Dieu. Lui, il a continué de chercher la présence de son Père, avec encore plus d’intensité. Là où nous échouons, lui, il a remporté la victoire pour nous.
Notre Sauveur a prié avec foi. Il a osé prier parce que Dieu est son Père depuis toujours. « Père, je suis ton Fils unique. Est-ce que ça ne peut pas être pris en considération? Avec toi, tout est possible. » Il n’a pas dit : « Père, il faut absolument que cette coupe s’éloigne de moi. » Il a plutôt prié : « Père, s’il est possible », « si c’est ta volonté ». N’est-ce pas étrange? Pourquoi une telle prière? Jésus savait très bien qu’il devait mourir sur la croix. Il le savait depuis toute éternité. Pourquoi a-t-il demandé que cette coupe s’éloigne de lui? Dieu ne revient jamais sur sa décision éternelle. D’ailleurs, sa décision, le Père l’a prise avec son Fils. Ils se sont consultés. Jésus était tout à fait d’accord. Alors, pourquoi cette prière?
Maintenant que l’heure approchait, maintenant que l’ombre de la croix planait sur lui, Jésus devait encore l’accepter : « Toutefois, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Mt 26.39). La mort n’était pas une fatalité pour lui. Il devait l’accepter comme un juste jugement. Il devait de lui-même prendre la coupe de colère et la boire jusqu’au bout. Notre texte nous dit : « Bien qu’il fût le Fils, il a appris l’obéissance par ce qu’il a souffert » (Hé 5.8). Parole profonde et mystérieuse. Comment comprendre? Jésus était-il un enfant désobéissant qui avait besoin de changer et d’apprendre l’obéissance? Bien sûr que non. Mais devant chaque tentation, à chaque nouvelle épreuve, il devait à nouveau donner sa réponse : la réponse de l’obéissance. À Gethsémani, dans l’agonie, il a donné sa réponse : « Que ta volonté soit faite. » « Oui, j’accepte la punition; oui, j’accepte de porter les conséquences de leurs désobéissances. » Ces désobéissances qu’il a portées, ce sont les miennes, les vôtres. Le Seigneur Jésus l’annonçait déjà d’avance par la bouche du prophète Ésaïe :
« Le Seigneur, l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas rebellé, je ne me suis pas retiré en arrière. J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachent la barbe; je n’ai pas dérobé mon visage aux outrages et aux crachats » (És 50.5-6).
Quelqu’un pourrait dire : Mais quelle sorte de Sauveur est-il? Il a pleuré. Il s’est lamenté. Il a tremblé, il est tombé par terre. On en connaît qui font face à la mort avec beaucoup plus de sérénité. Pensons aux chrétiens martyrs de Rome ou à ces huguenots qui chantaient les psaumes pendant qu’ils brûlaient sur le bûcher. Même des non-chrétiens sont parfois capables de faire face à la mort sereinement. Socrate, par exemple, condamné à mort, a eu le courage de boire la ciguë, ce poison mortel, sans broncher. Jésus, lui, priait à grands cris et avec larmes. Pourquoi? Un chrétien, quand il meurt, possède un immense réconfort : Jésus, mon Sauveur, a vaincu la mort pour moi. Je n’ai plus besoin d’avoir peur de mourir. Mais Jésus, lui, devait l’affronter directement. C’est pour ça qu’il avait besoin de prier et de supplier; une prière tout à fait unique. Il regardait la mort droit dans les yeux, face à face.
« Puisque les enfants participent au sang et à la chair [c’est-à-dire à la nature humaine], lui aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser par sa mort celui qui détenait la pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans l’esclavage » (Hé 2.14-15).
À Gethsémani, il a fait face à la mort physique, mais pire encore, il se préparait au terrible jugement du Dieu saint, contre le péché, le mien, le vôtre. Le Christ, pur et innocent, l’a accepté. Il a librement pris la place des pécheurs, pour recevoir la foudre de la colère divine. Il sentait venir l’horreur de la croix. Dans son corps, dans son âme, dans ses pensées, dans ses émotions, il a reculé instinctivement : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. » À Gethsémani, Jésus a vu venir la croix redoutable. Il devait se battre contre les puissances des ténèbres. Le gouffre de la mort éternelle s’ouvrait devant lui dans toute son horreur. Jésus l’a accepté : « Si c’est ta volonté, je boirai la coupe de ta colère jusqu’à la dernière goutte. J’irai comme un agneau à l’abattoir. Frappe-moi à cause de leurs transgressions. Écrase-moi à cause de leurs iniquités. Retranche-moi de la terre des vivants, pour qu’ils aient la vie éternelle. » Celui qui n’avait pas péché, Dieu l’a fait devenir péché, pour qu’en lui nous devenions justice de Dieu. Aujourd’hui, nous nous souvenons. Mémoire douce de ses souffrances amères. Souvenir béni de celui qui fut maudit.
2. L’exaucement de sa prière←⤒🔗
Les prières du Fils de Dieu ne sont pas tombées dans le vide. Elles ont été exaucées. Hébreux 5 nous dit que Jésus s’est adressé « à celui qui pouvait le sauver de la mort » (Hé 5.7). Jésus a frappé à la bonne porte. Il a prié celui qui détient tout pouvoir sur la vie et sur la mort. Le texte ajoute qu’il a été « exaucé à cause de sa piété ». Prière exaucée! À cause de sa piété parfaite!
Mais comment sa prière a-t-elle été exaucée? Comment son Père a-t-il répondu? De deux façons. La réponse la plus grande est venue le jour de Pâques. Dieu a réellement sauvé son Fils de la mort, non pas en l’empêchant de mourir, mais en le ramenant de la mort à la vie! La tombe n’a pas eu le dernier mot. La puissance de la mort a été vaincue pour que nous ayons la plus grande espérance qui soit. Toutefois, Dieu a aussi répondu à sa prière d’une autre façon. Il a répondu le jour même de sa prière. Jésus a prié :
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe. Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite. Alors un ange lui apparut du ciel pour le fortifier » (Lc 22.42-43).
Jésus a prié pour se conformer à la volonté de son Père. Il a accepté d’obéir. Immédiatement, son Père a entendu sa prière. Tout de suite, il a envoyé un ange pour l’encourager et le soutenir. « Ma décision n’a pas changé. Mon plan de salut va s’accomplir. Ma coupe de colère ne va pas s’éloigner. Prends et bois jusqu’à la dernière goutte. Mais voilà, je te donne la force d’y aller. » Oui, voilà comment sa prière a été exaucée! Par l’envoi d’un ange venu le fortifier!
Essayez de vous représenter la scène. Le Fils de Dieu, le Créateur des anges, était à genoux, il priait, il suppliait, dans les larmes, et tout à coup, il a reçu la visite d’un ange! À son baptême, c’est le Père qui est venu lui parler pour le fortifier, pour qu’il entreprenne sa mission. Sur la montagne de la transfiguration, c’est le Père qui est venu lui parler, pour le fortifier encore une fois, pour qu’il continue sa mission. Ici, juste avant la croix, le Père ne vient plus, il se cache. Sa colère allait bientôt frapper. Elle avait déjà commencé. La coupe de sa colère lui était présentée. Des gouttes de sang se sont mises à couler. En même temps, Dieu a envoyé un ange pour fortifier son Fils. Jésus, le Créateur et le Seigneur des anges, a eu besoin d’être fortifié par un de ses serviteurs… Toute une humiliation pour le Fils de Dieu! En même temps, tout un réconfort, oui, un vrai réconfort! Ses disciples, à côté, dormaient. Pas un seul encouragement n’est venu de leur part, ils ronflaient, insouciants. C’est pour eux que Jésus agonisait! Pas pour les anges. Mais Dieu a envoyé un ange pour le fortifier.
Oui, sa prière a été entendue. Jésus n’a plus demandé que cette coupe s’éloigne. La volonté du Père était acceptée. La coupe est restée là, devant lui. Il fallait qu’il aille à la croix. Pour en être capable, Jésus a reçu des forces nouvelles. Sa prière a été exaucée. Il a reçu la force de se relever et de marcher jusqu’à la croix. Il devait s’humilier complètement, dans son corps et dans son âme. La honte et l’angoisse de l’enfer. Abandonné de Dieu pour que jamais nous ne soyons abandonnés. Sa douleur extrême est devenue notre plus grande joie. Il a été maudit pour que nous soyons bénis. Il a bu la coupe de malédiction pour que nous buvions la coupe de bénédiction. Il est mort pour que nous ayons la vie.
Oui, sa prière a été entendue quand il était au plus bas, dans l’agonie. Sa prière a été exaucée pour notre salut. Quelle joie! Soyons certains que Dieu entend maintenant nos prières faites en son nom, même quand nous sommes au plus bas. Aujourd’hui, Jésus est dans la gloire, assis à la droite du Père. Il est au plus haut, dans la majesté du ciel. Il vit, il règne à jamais. C’est là, maintenant, qu’il prie. Il prie pour nous jour et nuit. Il ne prie plus à grands cris et avec larmes. Non. Il ne prie plus dans la faiblesse et l’angoisse. Pas du tout. Son humiliation est maintenant terminée. Il prie dans la joie de sa victoire. Si sa prière a été entendue à Gethsémani, à plus forte raison sa prière au ciel est-elle maintenant entendue! Si son Père l’a écouté quand sa colère le frappait jusqu’à suer du sang sur son front, combien plus aujourd’hui son Père l’écoutera-t-il, maintenant qu’il porte sa couronne de gloire sur la tête? Jésus est au ciel, il fait toute la joie de son Père. Ses prières pour nous sont très bien accueillies. Dieu répond. Il entend ses prières. Par conséquent, il entend les prières que nous faisons en son nom.
Alors, approchons-nous avec confiance du trône de la grâce, pour y recevoir le pardon et pour y trouver la grâce nécessaire pour être secourus au bon moment. Nous avons un Grand-Prêtre plein de compassion. Regardons à lui, à ses souffrances et à sa gloire. Réjouissons-nous. Soyons libérés de l’angoisse. Confessons-le devant le monde. Cherchons sa volonté, non pas la nôtre. Obéissons à sa parole avec amour. Jésus a prié. Il a obéi. Il a été fortifié. Il est devenu la source de notre salut éternel. Amen.