Se soumettre aux autorités
Se soumettre aux autorités
Que Dieu veut-il dans le cinquième commandement?
Que je rende à mon père et à ma mère1 et à toutes autorités placées au-dessus de moi2, honneur, amour et fidélité; que je me soumette avec l’obéissance qui leur est due à leurs bonnes instructions et corrections3, supportant aussi avec patience leurs défauts4, puisque Dieu veut nous conduire par leurs mains5.
1. Ex 21.17; Pr 15.20.
2. Rm 13.1-2; Ép 5.21-24; Ép 6.1-9; Col 3.18 à 4.1; 1 Tm 2.1-2; Hé 13.17.
3. Pr 1.8-9; Pr 4.1; Ép 6.1-4; Col 3.20-21.
4. Dt 27.16; Pr 20.20; Pr 23.22; Pr 30.17; 1 Pi 2.18.
5. Mt 22.21; Rm 13.1-8; Ép 6.1-9; Col 3.18-24.Catéchisme de Heidelberg, Q&R 104
La question de l’autorité est d’une grande actualité. Les enfants de nos jours manquent énormément de respect envers leurs parents. Avez-vous remarqué le ton qu’ils prennent quand ils nous répondent? Et que dire de leur attitude à l’école? Les professeurs vivent des stress énormes tellement les défis sont grands; le climat dans la classe devient parfois insupportable. L’apôtre Paul a dit à son collègue Timothée : « Sache que dans les derniers jours surgiront des temps difficiles. Car les hommes seront […] rebelles à leurs parents… » (2 Tm 3.1-2). Les citoyens adultes ne sont pas mieux. Nous manquons beaucoup de respect envers les dirigeants du pays. Nous parlons d’eux de façon méprisante et cynique. Cette attitude se reflète aussi dans l’Église du Seigneur. L’exhortation des anciens n’est pas toujours prise au sérieux. Quel respect avons-nous pour l’autorité dans l’Église et dans nos familles?
1. Quelles sont les autorités visées par ce commandement?⤒🔗
Les quatre premiers commandements nous enseignent comment vivre en relation avec Dieu afin de l’aimer de tout notre cœur. Les six derniers commandements nous disent comment nous comporter envers notre prochain afin de l’aimer comme nous-mêmes. Qui est notre premier prochain? Nos parents! Ils nous ont donné la vie et sont les premiers à nous guider dans la vie. Les relations au sein de la famille sont fondamentales. La famille constitue la base de toute la société. C’est le premier endroit où Dieu nous a placés et c’est là où nous commençons à apprendre à connaître Dieu et à vivre en relation avec les autres. Toutes les autres relations humaines en découlent.
« Honore ton père et ta mère » (Ex 20.12). Ce commandement concerne d’abord et avant tout les relations entre les enfants et les parents. Ce commandement demeure en vigueur et devrait être hautement estimé dans les familles chrétiennes.
« Enfants, obéissez à vos parents selon le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère — c’est le premier commandement accompagné d’une promesse » (Ép 6.1-2).
Par extension, ce commandement inclut également toutes les autres relations qui impliquent une autorité, que ce soit dans l’Église, à l’école ou dans la société.
« Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis. Car ils veillent au bien de vos âmes, dont ils devront rendre compte. Faites en sorte qu’ils puissent le faire avec joie et non en gémissant, ce qui ne serait pas à votre avantage » (Hé 13.17).
« À cause du Seigneur, soyez soumis à toute institution humaine, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoyés par lui pour punir ceux qui font le mal et louer ceux qui font le bien » (1 Pi 2.13-14).
Dans la famille, nous apprenons à prendre une place précise qui nous servira le reste de notre vie. Le respect envers nos parents en autorité, dès notre plus jeune âge, est essentiel à la vie.
2. Pourquoi nous soumettre aux autorités?←⤒🔗
Pourquoi les enfants doivent-ils honorer leurs parents? Pourquoi devons-nous obéir aux patrons? Parce que Dieu le veut, tout simplement. « Dieu veut nous conduire par leurs mains » (Q&R 104). Les parents, les patrons, les anciens, les dirigeants du pays sont des instruments choisis par Dieu pour nous conduire dans la vie. C’est la principale raison pour laquelle nous devons nous soumettre à eux.
Les enfants ne devraient pas obéir à leurs parents simplement dans le but d’éviter d’être punis. Nous ne devrions pas obéir aux gouvernants seulement pour éviter de payer des amendes. Les élèves ne devraient pas obéir à leurs professeurs uniquement pour éviter la retenue. Nous devrions obéir parce que Dieu le veut, et non parce que nous pourrions en tirer un avantage personnel ou pour éviter des problèmes. Sinon, le jour où nous estimerons qu’il n’est plus avantageux de les honorer, qu’arrivera-t-il? Nous nous rebellerons!
Bien sûr, la Bible nous dit de craindre les conséquences si nous désobéissons.
« Les gouvernants ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu ne pas craindre l’autorité? Fais le bien, et tu auras son approbation » (Rm 13.3).
Toutefois, la raison de notre obéissance est plus profonde.
« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures, car il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre de Dieu, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes » (Rm 13.1-2).
Paul ajoute que l’autorité « est au service de Dieu pour ton bien » (Rm 13.4). C’est pourquoi nous devons rendre à chacun son dû : l’impôt, la crainte, l’honneur (Rm 13.7).
Dieu lui-même se tient derrière la personne en autorité. Les autorités sont un don de Dieu qui prend soin de sa création.
Il est important de bien comprendre que le salut que Dieu nous procure accomplit une restauration. Dieu est un Dieu d’ordre. Les relations humaines qu’il avait établies au commencement, dans le paradis, étaient empreintes d’ordre et d’harmonie. Le péché, qui est une rupture de relation avec notre Créateur, est venu ruiner nos relations entre nous et causer de profonds désordres. La rédemption vient restaurer l’ordre originel et non l’abolir. Cette restauration tient compte, bien entendu, de l’existence du péché dans le monde. À l’origine, il n’existait pas de gouvernements, ni de tribunaux, ni de policiers, mais il y avait des parents. Après l’entrée du péché, les parents ont conservé leur rôle essentiel, et, en plus, des gouvernements, des tribunaux et des policiers sont apparus comme mesures protectrices établies par Dieu.
Le peuple d’Israël a été libéré de l’esclavage en Égypte. Dieu a libéré son peuple de l’abus d’autorité des Égyptiens. Les enfants de ces Israélites auraient très bien pu penser : « Nos parents se sont rebellés contre leurs maîtres égyptiens. Nous aussi nous pouvons désobéir à nos parents et nous libérer de toute forme d’autorité. » Le Seigneur vient tout de suite mettre les choses au clair. « Honore ton père et ta mère. » La libération ne conduit pas à l’anarchie, mais au respect de l’autorité légitime. La rédemption ne mène pas à la révolte, mais à une vie d’obéissance nouvelle. L’alliance que Dieu a établie au Sinaï n’avait pas pour but de former des révolutionnaires ni une société égalitaire. À l’intérieur du peuple racheté par le Seigneur, l’autorité doit être respectée. Le respect de l’autorité faisait partie de sa création belle et bonne à l’origine, et malgré toutes les distorsions provoquées par le péché, le même respect doit encore caractériser les relations humaines chez ceux qui sont restaurés en Jésus-Christ.
Il est facile et tentant de critiquer ceux qui sont en autorité. Nous sommes tous pécheurs et nous avons tendance à nous révolter facilement. Rappelons-nous que toute révolte contre des personnes en autorité est une révolte contre celui-là même qui leur a confié cette autorité. La seule exception, c’est lorsque l’autorité en place nous demande de désobéir à Dieu. Dans ce cas, il est de notre devoir de résister et « d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5.29). Il faut de la sagesse et du courage pour le faire, en étant prêt à accepter les conséquences possibles de notre désobéissance pacifique avec une bonne attitude, en nous en remettant entièrement au Seigneur qui est souverain sur toutes choses. Mais autrement, toute désobéissance à l’autorité est une rébellion et un péché contre Dieu.
3. Comment nous soumettre aux autorités?←⤒🔗
Qu’est-ce que le Seigneur demande exactement dans ce commandement? Il demande aux enfants d’honorer leurs parents. Par extension, nous devons également honorer nos professeurs, nos anciens, nos dirigeants, notre premier ministre. Que veut dire honorer? Honorer signifie considérer cette personne comme importante. Lui « rendre honneur, amour et fidélité ». Autrement dit, notre obéissance ne devrait pas être à contrecœur, en rechignant contre eux. Par exemple, quelle est notre attitude vis-à-vis du policier qui nous donne une amende pour excès de vitesse, ou envers le ministère du Revenu qui nous demande de payer nos impôts? Dieu ne nous dit pas : « Vous devez obéir parce que c’est la loi. » Les lois codifiées par nos dirigeants politiques sont plutôt impersonnelles. Nous devrions obéir de bon cœur parce que Dieu veut nous conduire par la main de ceux qui sont en autorité. Une telle action est très personnelle. Notre attitude envers les autorités reflète notre relation avec Dieu. Nous obéirons aux autorités par amour pour le Seigneur et par reconnaissance pour son œuvre de rédemption.
« Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement à cause de cette colère [la possibilité d’être punis si nous pratiquons le mal], mais encore par motif de conscience » (Rm 13.5).
Il n’est pas toujours agréable pour des enfants d’obéir à leurs parents ni pour des citoyens d’obéir aux autorités. Tous ces gens sont responsables de leurs actions et devront répondre devant Dieu. Nous devrions cependant reconnaître que derrière eux se tient le Seigneur Jésus en personne. Par amour pour lui, nous honorerons nos parents, nos professeurs, notre patron, les anciens de notre Église, les dirigeants à la tête de notre gouvernement.
Cela ne signifie pas que la personne en autorité est sans défaut ou qu’elle ne fait pas d’erreur, mais nous demeurons dans l’obligation de l’honorer malgré ces défauts ou ces erreurs. Il y a des parents, des patrons, des anciens ou des hommes d’État qui sont plus faciles à honorer que d’autres. Toutefois, notre raison d’honorer la personne en autorité ne se trouve pas en elle-même, dans son âge, son expérience, sa compétence, son charisme ou son intégrité. Elle se trouve en Dieu qui nous le commande.
Pierre dit aux serviteurs qu’ils doivent honorer non seulement les bons maîtres, « mais aussi ceux qui sont difficiles » (1 Pi 2.18). Ces gens en autorité peuvent avoir bien des défauts. Il nous faut alors « supporter avec patience leurs défauts », car Dieu ne fait pas d’erreur. Dans sa sagesse infinie, il a placé ces autorités au-dessus de nous. Nous sommes donc appelés à accepter « leurs bonnes instructions et corrections » (Q&R 104). Par la foi, nous sommes appelés à nous soumettre « de bon gré » (Ép 6.7), « avec simplicité de cœur, dans la crainte du Seigneur » (Col 3.22).
N’oublions pas que Jésus, le Fils de Dieu, lui-même s’est soumis à son Père. Il l’a fait de bon cœur, sans murmurer, alors même qu’il aurait eu toutes les raisons de se révolter. Sur la croix, toute la colère de son Père contre nos péchés a été déversée sur lui. La haine de Dieu contre le péché l’a frappé de plein fouet. Il n’a pourtant jamais manqué d’obéir à son Père et de lui rendre honneur, amour et fidélité. Il est venu pour faire la volonté de son Père et savait parfaitement ce qui l’attendait. Avant son arrestation, Jésus a prié : « Je t’ai glorifié sur la terre; j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire » (Jn 17.4). Puis, dans le jardin de Gethsémané, il a encore prié : « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite » (Lc 22.42).
Trouvons en lui le courage et la motivation de faire de même envers les personnes au-dessus de nous, malgré leurs faiblesses.
4. Quelle promesse est donnée à ceux qui se soumettent aux autorités?←⤒🔗
Lorsqu’il s’adresse aux enfants de l’Église d’Éphèse, Paul cite le cinquième commandement et ajoute : « C’est le premier commandement accompagné d’une promesse » (Ép 6.2), puis il applique ce commandement et cette promesse aux enfants des familles chrétiennes. Dans le Décalogue, en Exode 20, la promesse faite à Israël concernait le pays de Canaan. Paul voit dans cette promesse une portée plus large : « afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre ». Au-delà d’une longue vie sur terre, nous avons la promesse de la vie éternelle sur la nouvelle terre.
Souvenons-nous de la promesse trompeuse du diable dans le paradis : « Révolte-toi et tu deviendras comme Dieu. » Nous pourrions dire : « Déshonore tes parents et tu vivras pour toujours. » La promesse du diable s’est transformée en déception amère. La révolte n’a pas conduit à la vie, mais à la mort! Le mensonge du diable est encore très attirant aujourd’hui. La rébellion contre l’autorité semble toujours prometteuse et continue de se nourrir de diverses formes de pensées révolutionnaires (révolutions politiques, revendications syndicales, rejet de l’autorité parentale, diverses théologies de la libération). N’oublions pas que notre rédemption en Jésus-Christ n’est pas une révolution, mais une restauration.
La révolte de nos premiers parents nous a fait perdre le paradis. L’obéissance parfaite du nouvel Adam, notre Sauveur, nous donne l’espérance d’un paradis à venir pleinement restauré. Acceptons l’autorité de bon cœur. C’est essentiel à la vie, pour que la vie s’épanouisse dans le bon ordre. Mettons notre foi dans la promesse de Dieu. Obéissons à sa Parole par amour pour lui. Nous vivrons alors heureux durant cette vie et nous goûterons à la plénitude de la vie dans le Royaume à venir.