Ce que tu portes est plus précieux que toi
Ce que tu portes est plus précieux que toi
« La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité » (Jean 1.14). « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que le Saint-Esprit de Dieu habite en vous? » (1 Co 3.16).
« Marie dit : Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole. Et l’ange la quitta. Dans ce même temps, Marie se leva et s’en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth (sa parente, enceinte de Jean Baptiste). Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Elle s’écria d’une voix forte : Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni. Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement. Et Marie dit : Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante » (Lc 1.38-48).
Avez-vous déjà tenu un enfant dans vos bras? Certainement, même si vous n’avez pas eu d’enfant. Pouvez-vous vous souvenir de l’émotion que vous avez ressentie alors? Sans doute un mélange de joie… et de crainte (disons de précaution) et il est possible que cette pensée ait traversé votre esprit : Ce que je porte est plus précieux que moi!
Remarquez que c’est une pensée peu banale, qu’on n’a pas habituellement, même si on porte un manteau d’astrakan ou une chevalière en or. Mais là, vous ne portiez pas quelque chose, mais quelqu’un! Et vous vous êtes peut-être dit : Attention! Si je tombe, mieux vaut que je me fasse mal, mais pas lui! Et mieux vaut encore que je ne tombe pas! Pas seulement à cause de moi, mais à cause de lui!
C’est le sujet de ce message (que les femmes comprendront peut-être plus facilement que les hommes?) : Si je suis chrétien, ce que je porte est plus précieux que moi. Avec ce double sentiment de joie et de crainte qui devrait caractériser la personnalité du chrétien. De joie et de crainte? On le voit très bien avec la description de la première communauté chrétienne en Actes 2.43, 46. « La crainte s’emparait de chacun. […] Ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu. » Non pas la crainte des Romains ou des Juifs, non pas seulement la joie d’être ensemble : mais la crainte et la joie parce que le Seigneur était au-dedans d’eux et au milieu d’eux.
À ces deux sentiments, un troisième peut s’ajouter, naturellement, c’est l’humilité : ce que j’ai de si précieux, je l’ai reçu, sans même comprendre parfaitement comment cela est possible. Cela me dépasse. Je ne le mérite pas.
La rencontre de Marie et d’Élisabeth est éclairante. Ce n’est pas la première fois que ces deux femmes se rencontrent et se saluent. Mais cette fois, quelque chose d’extraordinaire se passe, comme une étincelle entre deux fils électriques. À cause de quoi? À cause de ce qu’elles portent, l’une et l’autre — que personne n’a encore vu (pas même elles!) — au-dedans d’elles. « Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? », dit Élisabeth. (Marie est enceinte depuis quelques jours à peine et l’enfant qu’elle porte n’a pas la taille d’un grain de blé! Mais il est là). Élisabeth qui dit encore : « Car voici, dès que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l’enfant (que je porte) a tressailli d’allégresse dans mon sein. »
Si tu es chrétien, ce que tu portes est plus précieux que toi. Ce n’est pas quelque chose, c’est quelqu’un!
La joie. « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur! » (Lc 1.46-47).
Quelle joie chez ces deux femmes! Pour Élisabeth, quel honneur! Et pour Marie! Quel mystère! Et quelle réalité! Je ne sais plus quel chrétien de l’Église ancienne a dit : « Bienheureuse Marie qui enfanta celui qui t’a créée! » Mon Sauveur est assis dans les lieux très hauts et il habite aussi au-dedans de moi. « Je demeurerai en vous », a dit Jésus. « J’aurai ma demeure au-dedans de vous » (voir Jn 15.5). Là où je suis, il est aussi. En tout temps. « Je m’éveille, et je suis encore avec toi! » (Ps 139.18).
Je peux l’oublier, il est là toujours. « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi » (Ps 23.4). À la maison, dehors, le jour, la nuit, à l’hôpital, en prison, quand je suis seul, il est là. Je ne suis donc jamais seul. « Je serai avec vous », a dit Jésus (Mt 28.20). Pas seulement devant ou à côté, mais aussi au-dedans. C’est pourquoi il est écrit : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Ph 4.4). Et si je dois mourir dans une heure, lui vit pour l’éternité et je vivrai avec lui.
Cette joie, faut-il le préciser, est compatible avec certaines tristesses. Car les sujets de tristesse existent aussi, et certains sont bien grands, et certains peuvent nous accompagner longtemps. Mais aucune tristesse ne peut être plus grande que la joie d’avoir Jésus dans son cœur, ni plus durable. « Christ en vous, l’espérance de la gloire! » (Col 1.27).
L’humilité. « Comment cela peut-il se faire? Rien n’est impossible à Dieu. Marie dit : Je suis la servante du Seigneur » (Lc 1.34,37-38).
Quand nous sommes réunis autour de la table du Seigneur, la joie est dans nos cœurs de ce qu’un Sauveur a été donné. L’humilité aussi, de ce qu’il a dû donner sa vie. Joie profonde; profonde humilité. Sujet d’étonnement inépuisable. Comment cela a-t-il pu se faire? En quoi l’ai-je mérité? Cela s’est fait réellement, et je ne l’ai mérité en rien. « Quand nous étions sans force, Christ est mort pour des impies » (Rm 5.6).
Qui a songé à cela dans son cœur est marqué à vie. Cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas nous qui l’avons choisi, c’est lui qui nous a choisis. Nous sommes précieux, car il nous a rachetés à grand prix et nous a attachés à lui par l’Esprit d’adoption. Mais nous sommes des vases de terre et le trésor est en nous (1 Co 4.7). L’image du vase introduit le troisième caractère du chrétien.
La précaution. « Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Son nom est saint, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1.49-50).
Une femme enceinte ne marche pas n’importe où ni n’importe comment : elle évite les talons aiguilles, elle ne longe pas les précipices, elle ne descend pas les escaliers quatre à quatre… Même les étiquettes sur les bouteilles de vin rappellent qu’une femme enceinte ne se comporte pas n’importe comment. Pas à cause d’elle; à cause de l’enfant qu’elle porte, dès lors qu’elle est consciente qu’elle le porte. Elle s’abstient de certaines choses, par amour pour lui. Ainsi en est-il du chrétien. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple du Saint-Esprit et que l’Esprit de Dieu habite en vous. Car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes » (1 Co 3.16).
S’abstenir semble être aujourd’hui un mot contre nature, une insulte à la liberté… On le comprendrait pour ceux qui sont sans espérance (1 Co 15.32). Et encore. « Fuyez l’impudicité. Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit? » (1 Co 6.17-18). Et si c’est pour préserver la joie du salut? Et si c’est pour ne pas attrister le Seigneur? Et si c’est pour être fidèle à celui qui nous aime? Et si c’est pour remporter des victoires? Et si c’est pour être un encouragement pour ceux qui nous entourent? Sommes-nous à même de nous abstenir? Y compris de choses auxquelles nous tenons, si c’est le Seigneur qui nous le demande? Voilà un test pour notre amour. Certains ont donné leur vie pour cela.
« Garde ton cœur plus que tout autre chose, car de lui viennent les sources de la vie. Écarte de ta bouche la fausseté, éloigne de tes lèvres les détours. Que tes yeux regardent en face, et que tes paupières se dirigent devant toi. Considère le chemin par où tu passes, et que toutes tes voies soient bien réglées; n’incline ni à droite ni à gauche, et détourne ton pied du mal » (Pr 4.23-27).
Frère ou sœur chrétien(ne), es-tu conscient(e) que la même faute, la même transgression, le même péché a une tout autre portée quand il est commis par un chrétien? Un nouveau converti s’en rend compte bien souvent; et toi? Un non-chrétien qui ment, ce n’est pas bien; mais un chrétien qui ment… Un non-chrétien orgueilleux, ce n’est pas bien, mais un chrétien orgueilleux… Quelle contradiction! Quelle blessure! Quelle confusion!
« Qu’il ne sorte de votre bouche aucune mauvaise parole, mais s’il y a lieu, quelque bonne parole qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent. N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu » (Ép 4.29-30).
Combien il vaut la peine de faire attention! Pas à cause de moi seulement. Pensez à la femme enceinte. « Abstenez-vous de toute espèce de mal! » (1 Th 5.22).
Ainsi, le chrétien, à cause du Seigneur, est capable de dire oui et de dire non. Il est déterminé à s’abstenir de certaines choses, même si tous les autres le font, même si personne ne comprend. Pour préserver des biens infiniment plus précieux, invisibles peut-être, mais bien réels. Pour le Seigneur!
Peut-être vous dites-vous : Ce pasteur a beaucoup parlé de crainte et de précaution, ce matin. Pourquoi? C’est pour préserver la joie, frères et sœurs. C’est pour que la joie demeure!
Frère ou sœur chrétien, tu es précieux! Mais ce que tu portes est plus précieux que toi!