L'Évangile selon la science-fiction
L'Évangile selon la science-fiction
Vendre 25 millions d’exemplaires d’un volume n’est pas une mince affaire! Devenir en quelques semaines un livre à succès et le traduire en plus de 14 langues, voilà ce qui devrait faire envie aux écrivains les plus célèbres. Lorsque l’on sait que l’auteur en question n’est autre que Erich von Daniken, et que les volumes s’intitulent L’Or des Dieux ou Vers un Retour aux étoiles, on explique un tel succès par l’engouement de nos contemporains pour les histoires fantastiques.
Je ne tiens pas à réfuter ici la science-fiction contenue dans les pages des ouvrages de cet auteur ou d’autres du même type. On ne peut pas se permettre de critiquer sérieusement des histoires sans queue ni tête! Ainsi que l’écrivait avec ironie un journaliste, les théories de von Daniken ont autant de trous que le gruyère de son pays d’origine! Visites d’extra-terrestres dans des soucoupes volantes, traces de leur passage dans les pyramides d’Égypte ou sur les hauts plateaux des Andes, etc.
Voilà ce qui relève d’une imagination débordante, mais maladive et d’une littérature qui, moins elle est scientifique, plus elle accroche la fantaisie déraisonnable de mes contemporains… Laissons donc aux spécialistes en la matière le soin de nous décrire la forme ou l’apparition de soucoupes volantes, de leurs armes à rayons, et autres OVNI mystérieux, pour examiner la psychologie de nos concitoyens et analyser les motifs religieux ou parareligieux de ces nouveaux emportements.
Il est certain que les auteurs de science-fiction ont réussi à intéresser leurs millions de lecteurs à la science, ou à l’explication scientifique de certains phénomènes « hors commun ».
Nos contemporains ont goûté à toutes sortes d’opiums — celui de la vraie science en étant aussi un — et ils croient dur comme fer que l’explication scientifique des faits apporte une connaissance sûre, parce qu’éprouvée et expérimentée, donc la seule connaissance « fiable ». Von Daniken et ses pairs, en dépit de leur aversion pour les experts, n’ont cessé d’étayer leurs fantaisies en citant les noms des savants les plus illustres de notre époque.
Nous pouvons ajouter à ceci que plus les idées deviennent « sauvages », au sens moderne et courant du terme, plus elles gagnent en crédibilité et plus les élucubrations sont considérées comme vraisemblables! Ainsi, dit von Daniken, ce n’est pas une philosophie occulte qu’il nous faut, mais une connaissance éprouvée; les anciennes religions sont en voie de disparition parce qu’elles n’ont pas été suffisamment scientifiques. Une religion nouvelle, claire et précise s’impose donc. Une telle entreprise semble assurée du plus grand succès au milieu du désarroi où pataugent nos contemporains et lorsqu’on connaît les tendances profondes des hommes et leur soif de certitude. On n’a qu’à voir les dizaines de millions de lecteurs de l’Or des Dieux… Les hommes ont maintenant trouvé, selon ces auteurs, le sens de leur existence, une raison de vivre et une vision nouvelle et optimiste de leur avenir.
La science, affirment les adeptes de ce nouvel ésotérisme, ne satisfait point les aspirations de l’homme, mais plutôt dessèche l’âme. Tandis qu’enveloppée d’une parure de mysticisme et devenue connaissance ésotérique uniquement accessible aux initiés, elle renforce son auréole. Ce qui était connu sous le nom de numen et de numineux, désignant Dieu, ainsi que l’impression de profond mystère qui s’en dégageait, est actuellement transposé sur des objets et des visiteurs extraterrestres. Se piquant de mysticisme, attisant une curiosité prétendument scientifique, l’ésotérisme croît actuellement plus vite que ne progressent l’automation et l’électronique!
À son tour, la science-fiction est devenue un nouveau culte, ce qui explique qu’on puisse parler de l’Évangile selon la science-fiction ou plutôt, de pseudo-évangile… Au cœur des mutations sociales, elle propose un nouveau code de vie et de comportement. La vérité relative à l’homme et au monde a été, jusqu’à présent, recherchée partout sauf, bien entendu, au bon endroit, et les « cultes sauvages » des pseudo-chrétiens, les fêtes liturgiques irrationnelles et les explosions psychiques de toute sorte créant un nouveau pandémonium, ne peuvent pas nous tromper.
C’est toujours et invariablement avec une ferveur religieuse que nos contemporains s’adonnent aux vieilles idolâtries parées de défroques nouvelles. Le sentiment de solitude, l’un des plus poignants de la condition humaine, offre sans doute une autre explication au succès de la science-fiction. Les hommes modernes ont compris une leçon qu’ils ont du mal à accepter : à savoir qu’ils sont seuls de leur espèce dans le vaste univers. Les explorations spatiales l’ont démontré. Il n’existe pas dans l’univers la moindre trace d’une vie extraterrestre semblable à la nôtre, ce qui n’empêche pas l’homme de vivre aliéné de son prochain sur sa propre planète. Alors, comment établir la communication entre les hommes? Von Daniken affirme, en répondant à cette question angoissante, que nous devons abandonner l’idée d’après laquelle nous serions « les seuls maîtres de l’univers ». Desmond Morris écrit que nous ne sommes que le « Singe nu », le primate le plus sexué parmi les modestes animaux appelés à disparaître tôt ou tard…
Le siècle commencé dans l’illusion d’un âge d’or va se terminer, selon les plus lucides des esprits modernes, dans un suicide collectif. Il faut donc se hâter de chercher la communion au-delà, trouver un rayon d’espoir, regarder vers des horizons qui dépassent largement la petitesse terrestre.
L’incapacité de la raison, cause première de notre déconfiture, force à chercher des explications nouvelles. Enfin, dans la perspective d’un proche cataclysme, vers qui allons-nous nous tourner? Vers les savants physiciens, artisans d’une massive destruction? Personne ne doit songer à se fier aux systèmes traditionnels. Simplifier la vie et éviter toute complication, voilà le mot d’ordre général. Allons donc, suggère-t-on, tournons-nous vers nos ancêtres!
Il faut convenir que cette manière de considérer la vie et le monde n’engage personne à quoi que ce soit. Non, la science-fiction ne vous contraindra pas à un quelconque engagement. Vous n’aurez pas besoin d’aller à l’Église, de vous compromettre dans des associations cultuelles, de donner une partie de votre temps et de votre argent pour une cause humaine… Croire à la visite des extra-terrestres ou bien admettre l’hypothèse de la réincarnation n’oblige personne à donner une partie de soi-même pour une idée charitable. C’est là une affaire éminemment privée; l’on peut y croire sans quitter ses pantoufles, en laissant déborder son imagination et la laisser vous transporter vers des moments qui n’ont pas existé, vers des phénomènes qui ne se sont jamais produits, des visites que personne ne saura jamais vérifier! C’est là une forme très prisée de la religion populaire, ou si vous préférez, de la religion-fiction! C’est une religion qui ne parle pas de péché, de chute et de désobéissance, encore moins d’une mission à accomplir. « Une religion sans Dieu : mon Dieu, quelle religion! », disait l’un de mes compatriotes…
Quelle est l’alternative chrétienne? L’Évangile affirme que nous ne sommes pas seuls et abandonnés dans l’univers. Celui-ci nous bombarde littéralement de faits stupéfiants et irréfutables; chaque fait confirme et déclare à sa manière l’existence de Dieu. L’homme n’est pas le produit du hasard. Il n’est pas le dé que l’on jette sur la roulette d’une maison de jeu. Dieu a visité la terre.
Non seulement l’univers nous parle de Dieu, mais encore la Bible, plus spécialement, nous parle de celui qui est l’être-en-soi. Elle témoigne du Dieu qui nous a créés et qui intervient dans notre vie. C’est la réponse de la foi donnée à toute fiction moderne, comme elle fut donnée à toute la mythologie ancienne. Alors que tant d’hommes se sentent désespérément seuls dans leur univers, n’est-ce pas merveilleux qu’un tel message leur parvienne pour les libérer et les réconforter?
Il ne peut exister de doute : Jésus-Christ est le personnage central de notre foi. En lui et par lui, nous entrons en communication avec le Dieu extraterrestre. Parmi les innombrables graffitis qui tapissent les murs de Paris et les couloirs du métro, je lisais récemment : « Jésus est un astronaute extraterrestre, venu en soucoupe volante. » « Impossible », avait ajouté en dessous, sans doute, une main chrétienne pieuse…
Oui, nous n’avons pas à nous fier à des graffitis, mais à une parole sortie de la bouche de Moïse, le grand dirigeant de l’Ancien Testament. Moise, nous est-il dit, pouvait parler avec Dieu, face à face. Dans le livre de Deutéronome au chapitre 18.18, il déclare : « Je susciterai un prophète… je mettrai mes paroles dans sa bouche et il dira tout ce que je lui commanderai. »
Il y a Dieu, un Dieu qui communique. Sa nature est telle que la Parole en est l’élément prédominant. Il parle. Il a parlé et nous pouvons nous fier à lui. Sa Parole est fiable. Les faits historiques l’attestent, le témoignage des siècles le confirme. Il n’y a d’alternative à l’angoisse ou au sentiment d’absurde, ou à la science-fiction moderne, qu’une telle certitude. Faites donc de Jésus-Christ le centre de votre vie. Vous commencerez une vie nouvelle en dépit des illusions qu’entretient actuellement la science-fiction.