Luc 24 - Il est réellement ressuscité Message de Pâques
Luc 24 - Il est réellement ressuscité Message de Pâques
« Le Seigneur est réellement ressuscité. »
Luc 24.34
Pendant deux jours, la défaite du Christ sembla totale et le désespoir qui s’ensuivit pour les disciples dut être terrible. Cette mort ne pouvait pas être et n’était pas un deuil comme les autres. Elle était plus que la disparition physique de l’être bien-aimé. Elle était l’anéantissement de tout leur espoir et une humiliante défaite. C’en était fait de leur attente. La grande joie d’avoir enfin trouvé celui qu’on attendait si ardemment s’était évanouie au cours de ces heures chargées de désillusion. « L’ère messianique » n’avait donc pas commencé et l’heure n’en pourrait plus jamais sonner.
Ainsi donc, l’injustice, la violence, la foule des railleurs et des adversaires haineux avaient eu le dernier mot! Quelles ténèbres, quelle nuit profonde, quel tourbillon d’angoisse! Le doute quant au sens de la vie, la peur, s’était probablement enraciné au fond de leur être. La cause de Dieu n’avait pas pu triompher. Ils sont si proches de nous, ces disciples! Nous les comprenons tellement bien! Nous sommes faits de la même étoffe. C’est comme si nous entendions encore avec eux les rires sarcastiques des méchants et que résonnaient à nos oreilles les coups qui frappèrent Jésus en ce vendredi matin. Ses mains et ses pieds sont percés, il ne reste aucune raison de croire en lui. Il n’y a plus qu’à oublier, qu’à retourner à ses premières occupations. Jeter une fois encore le filet dans la mer de Galilée, un filet qui ne risquera plus de se rompre sous l’abondance de la pêche. Telle a dû être la situation des disciples ce vendredi et ce samedi-là.
Si nous l’oublions, nous aurons de la peine à comprendre le cri de jubilation qui retentit de l’un vers l’autre, au matin de Pâques. « Le Seigneur est réellement ressuscité! » Il était donc impossible que les ténèbres règnent indéfiniment, que la terreur dure et que le dernier mot appartienne à l’injustice et à la violence. Il est réellement ressuscité et les forces des ténèbres sont vaincues. La lumière a brillé et les ténèbres ne peuvent plus l’empêcher d’éclairer.
Mais cette victoire n’hypnotisa pas les disciples, la joie ne paralysa pas leur zèle. Simplement, la résurrection transforma toute leur optique sur la vie et sur Dieu, et elle fut désormais placée au cœur de leur prédication, à tel point que l’on peut dire encore aujourd’hui, avec eux : Si le Christ n’est pas ressuscité, tout est absurde, l’espérance, la foi, l’allégresse sont des mots creux, sans signification aucune. Mais la pierre a roulé et le tombeau est vide. La mort n’a pas pu retenir la vie, celle de Dieu. Sa victoire brise les chaînes de tout ce qui s’oppose à lui, et aussi à nous. C’est pourquoi nous vivons à la lumière de la résurrection et grâce à elle.
La résurrection du Christ, qu’on le sache ou non, et il faut le proclamer partout afin que tous le sachent, est l’inauguration décisive d’une ère nouvelle. Signe et commencement effectif d’un nouvel ordre de choses. L’histoire des hommes, l’histoire du péché, les révoltes, l’orgueil et la vanité sont jugés, et les ténèbres sont une fois encore séparées de la lumière. Le Seigneur domine maintenant sur toutes choses.
Il est une question, pourtant, que nous posons toujours. Comment concilier ce qu’atteste l’Évangile et que la foi proclame avec la réalité quotidienne qui nous entoure? S’il y a victoire de Dieu dans et par la résurrection du Christ, pourquoi encore le mensonge, la haine, les révoltes; pourquoi la maladie et la mort? L’adversaire est-il réellement réduit et ses forces sont-elles écrasées? Est-il vrai qu’il est mortellement blessé, alors qu’il continue à déverser le poison et à corrompre la vie? En quoi consiste la victoire de l’amour et de la vérité de Dieu?
Ne nous décourageons pas. La résurrection du Christ est le début d’une ère nouvelle, l’étape décisive est franchie, une bataille est gagnée, mais nous continuons la lutte dans l’attente de l’élimination définitive de l’adversaire et, avec lui, de tout le mal dont il est responsable. Depuis Pâques, nous vivons les derniers temps. Ce n’est en réalité qu’une « période de transition », celle que nous traversons, avec nos questions et nos problèmes, dans la réalité quotidienne de nos lassitudes, de nos peines et de nos doutes.
Mais justement, cette période de transition ne peut pas et ne doit pas être caractérisée par la seule lassitude, par les peines et par le doute. Elle est aussi l’heure de l’attente vigilante, de la prière fervente de la foi qui sait endurer, l’heure de la confiance dans le Christ réellement ressuscité, établi Seigneur et qui bientôt écrasera définitivement l’ennemi, dont nous subissons les derniers soubresauts. Car nous savons que, malgré ses tentatives d’obscurcir notre vue, d’altérer notre joie ou de faire chanceler notre foi, le prince de ce monde a d’ores et déjà échoué. Il est vaincu. Pour l’heure, les ténèbres du Vendredi saint nous paraissent toujours aussi épaisses, mais nous vivons déjà sous le jour brillant du matin de Pâques. Nous risquons encore de ne voir que le côté sombre des choses, mais la lumière nous a atteints. De ces deux mondes, l’un fait d’une terrible obscurité, l’autre de lumière éblouissante, le premier cède le pas au second. Sachons, lorsque les épreuves s’abattent sur nous, qu’à cause de cette résurrection nous ne serons jamais totalement emportés dans le tourbillon de l’angoisse.
Certes, nous savons par expérience que ce monde n’est pas le meilleur des mondes et qu’un certain « stade » n’est pas encore dépassé. Mais le pouvoir de Satan, le péché qui asservit, le visage hideux de la mort, tout cela vit ses derniers moments. Cette connaissance garantira notre conviction, et, à notre tour, nous annoncerons aux autres, à notre prochain, à ceux qui ne savent pas encore, l’extraordinaire événement de la résurrection. Sans trop nous arrêter ni complaire en nos propres expériences, notre témoignage consistera avant tout à proclamer l’événement de Pâques, le tombeau vide, ce Seigneur réellement apparu aux disciples, à Pierre, à Marie, aux cinq cents, à Paul!
Ce témoignage transformera notre vie. Nous cesserons de vivre comme de « pauvres types », car nous sommes les plus forts, alors même que l’on nous méconnaît ou que l’on nous méprise, que l’on nous calomnie ou que l’on nous persécute. C’est nous qui avons la seule certitude et la seule espérance pour le présent et pour l’avenir en un temps où les édifices les plus solides menacent ruine. Là où la force brutale, la ruse et la violence sont les instruments de domination, nous témoignons que la seule force, celle de la justice et de l’amour, appartient au Dieu de Pâques, qui vient bientôt établir son règne éternel. Pourquoi craindre donc le présent ou l’avenir? L’angoisse dans la vie et devant la mort n’a plus de raison d’être. Elle est le mal de ce siècle, le péché de ce monde sans Pâques parce que sans Dieu. Elle est le fruit amer de la « philosophie de la liberté » et de « l’absurde ».
Pourquoi craindre? Dieu s’est déclaré pour nous. Si nous avons sa crainte, toutes les autres craintes seront bannies. Désormais, le jour succède immanquablement à la nuit, et la lumière attend de l’autre côté des ténèbres.
Nous sommes la lumière du monde. Même si autour de nous tout devait être mis à feu et à sang, ce qui est possible à tout moment, nous ne devrions jamais perdre de vue, même pas un instant, la gloire qui a triomphé à Pâques et qui nous emplit sans cesse, tous ensemble et jusqu’à la fin du monde, d’une infinie « jubilation ».