Nos œuvres bonnes sont nécessaires
Nos œuvres bonnes sont nécessaires
Cette doctrine ne rend-elle pas les gens négligents et sacrilèges?
Non; car il est impossible à ceux qui sont greffés sur le Christ par une foi véritable de ne pas porter des fruits de reconnaissance1.
1. Mt 7.18; Lc 6.43-45; Jn 15.5; Rm 6.1-2.
Catéchisme de Heidelberg, Q&R 64
- Pourquoi faire des œuvres bonnes puisqu’elles ne nous méritent rien?
- Quelqu’un peut-il être sauvé s’il n’a jamais fait d’œuvres bonnes?
- Devons-nous faire des œuvres bonnes?
Nous sommes justifiés par la foi seule, par pure grâce, sans nos œuvres. C’est la bonne nouvelle de l’Évangile. Dans des articles précédents, nous avons déjà examiné deux objections soulevées contre cette merveilleuse doctrine. La première surgit de notre cœur pécheur : Nos œuvres bonnes ne peuvent-elles pas contribuer à notre justice, au moins en partie? La réponse est : Aucunement! Nos bonnes œuvres sont inutiles pour nous sauver, car même nos meilleures œuvres sont souillées par le péché. La deuxième objection se base sur un enseignement des Écritures : Comment peut-on dire que nos œuvres bonnes ne méritent rien, puisque Dieu veut les récompenser dans cette vie et dans la vie à venir? La réponse est : Nos œuvres bonnes sont acceptées en Jésus-Christ et seront récompensées par pure grâce.
Il nous reste à examiner une troisième objection qui s’appuie sur une considération pratique, tirée de notre expérience :
« Cette doctrine ne rend-elle pas les gens négligents et sacrilèges? Non; car il est impossible à ceux qui sont greffés sur le Christ par une foi véritable de ne pas porter des fruits de reconnaissance » (Q&R 64).
En d’autres mots, l’enseignement selon lequel nous sommes justifiés par pure grâce, sans considération de nos œuvres, ne comporte aucun danger de nous faire sombrer dans la paresse ou la négligence, puisque nos œuvres bonnes sont nécessaires.
1. Pourquoi faire des œuvres bonnes puisqu’elles ne nous méritent rien?⤒🔗
Si nous sommes sauvés par pure grâce et que nos bonnes œuvres sont inutiles à nous procurer quelque mérite devant Dieu, alors pourquoi nous fatiguer à faire des œuvres bonnes? Pourquoi devrions-nous nous efforcer d’aimer, de grandir dans la foi, d’essayer d’obéir aux commandements du Seigneur? Nous avons besoin d’une motivation, sans quoi nous risquons fort de devenir négligents et de ne rien faire qui vaille! Au temps de la Réforme, les catholiques romains se sont vivement opposés à la justification par pure grâce en accusant les réformateurs d’enseigner une doctrine qui encourage la paresse. N’est-ce pas étrange? Calvin a également été accusé d’être rigoriste. Les réformés étaient-ils négligents, paresseux, relâchés, indifférents à l’obéissance de la loi, ou bien étaient-ils au contraire zélés, stricts et rigoureux dans l’application des commandements? Il faudrait choisir!
L’objection présume que nous aurions besoin de la menace d’un bâton pour nous obliger à bien agir. La religion serait là pour rendre les gens meilleurs moralement. La prédication et l’enseignement de la Bible auraient pour but d’amener les gens à bien se comporter en entretenant la menace de la punition divine. Mais, au fond, quel est le but de la proclamation de la Parole? C’est d’annoncer les œuvres merveilleuses de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Dieu se forme un peuple racheté par le sang du Christ pour qu’il lui appartienne, non pas parce que ce peuple aurait quelque chose d’attirant en soi, mais parce que, malgré le fait que nous sommes repoussants à ses yeux, il nous a choisis et nous a rachetés et purifiés en Jésus-Christ. Son œuvre, c’est de nous avoir donné son Fils pour expier les péchés de son peuple, de sorte que nous sommes déclarés justes devant Dieu par pure grâce.
Son œuvre de salut ne s’arrête toutefois pas là. Comment penser que nous serions pardonnés de nos péchés, délivrés de la puissance du diable, sans qu’aucun changement ne se produise dans nos vies? La Parole de Dieu nous révèle clairement que ceux que le Fils de Dieu a réconciliés avec Dieu sont également transformés par le Saint-Esprit. Nous sommes progressivement transformés à l’image de Jésus-Christ. Par conséquent, nous n’allons pas continuer à vivre dans le péché et le désordre moral. Nous chercherons à vivre d’une manière qui plaît au Seigneur. « Il est impossible à ceux qui sont greffés sur le Christ par une foi véritable de ne pas porter des fruits de reconnaissance » (Q&R 64). Pourquoi est-ce impossible? Parce que l’œuvre de Dieu est complète. La belle œuvre que Dieu a commencée en nous, il a promis de l’achever pour le grand jour de Jésus-Christ (Ph 1.6). Notre désir de vivre pour lui et de rechercher la sainteté en fait partie.
Jacques, dans sa lettre, s’est adressé à des personnes qui avaient exactement ce genre de question. Puisque le salut est sans les œuvres, par pure grâce, comme Paul le dit aux Galates et aux Romains, alors à quoi bon vouloir faire des œuvres bonnes? La doctrine de la justification par la foi seule ne conduit-elle pas à la paresse et à la nonchalance? Jacques répond : Pas du tout! Pourquoi les œuvres bonnes sont-elles nécessaires? Parce qu’on ne peut pas séparer la foi et les œuvres.
Jacques donne l’exemple d’Abraham (le même exemple que Paul a utilisé) : « Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, pour avoir offert son fils Isaac sur l’autel? » (Jc 2.21). Dieu a ordonné à Abraham d’aller sacrifier son fils Isaac. Si Abraham avait répondu « Oui, Seigneur, je sais que tu es capable de ressusciter Isaac », tout en restant là, sans rien faire, sa foi aurait été vide. La foi sans les œuvres est morte. Ce ne sont pas les œuvres qui donnent vie à la foi. Les œuvres viennent simplement montrer la foi vivante en action. Abraham s’est levé. Il a attelé son âne. Il est parti avec Isaac. Sa foi en Dieu a été démontrée en action.
Nos bonnes œuvres n’impressionnent pas Dieu. Elles sont toujours entachées de péché. Cependant, la foi qui reçoit avec confiance l’œuvre de salut en Jésus-Christ ne peut être séparée des œuvres. La foi en Dieu conduit nécessairement à l’obéissance aux commandements de Dieu. La Confession de foi de La Rochelle déclare à l’article 22 :
« Ainsi la foi non seulement ne refroidit pas en nous le désir de bien et saintement vivre, mais au contraire l’engendre, l’excite et produit nécessairement les bonnes œuvres. »
Nous sommes sauvés par la foi seule, mais la foi n’est jamais seule. Prenons l’exemple de l’œil. Nous voyons seulement avec nos yeux. Mais nos yeux ne sont pas isolés du reste du corps. Nos yeux fonctionnent normalement à l’intérieur du corps humain, en coordination avec les autres parties du corps. Et pourtant, nous voyons uniquement avec les yeux. De même, nous sommes justifiés uniquement par la foi, mais la foi ne vient pas toute seule. La vraie foi vient avec un cœur repentant et avec le désir d’obéir au Seigneur. Il n’en demeure pas moins que c’est uniquement par la foi que nous sommes déclarés justes.
L’apôtre Paul lui-même a dû se défendre contre une telle accusation d’encourager au laisser-aller.
« Que dirons-nous donc? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde? Certes non! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché? » (Rm 6.1-2).
La doctrine de la grâce purement gratuite rend-elle les gens négligents? L’apôtre Paul rétorque : Pas du tout, c’est impossible, car la foi nous motive à faire de bonnes œuvres. Ceux qui sont morts au péché grâce à leur union à Jésus-Christ ne vivront plus dans le péché.
« Cette doctrine ne rend-elle pas les gens négligents et sacrilèges? Non; car il est impossible à ceux qui sont greffés sur le Christ par une foi véritable de ne pas porter des fruits de reconnaissance » (Q&R 64).
C’est impossible! Les catholiques romains ont peur de produire une Église apathique, qui ne ferait aucune œuvre bonne. Nous devons au contraire souligner que la foi est puissante et active. Les croyants feront beaucoup de bonnes œuvres parce que la foi produite par la Parole et par le Saint-Esprit est une force capable de nous renouveler et de nous rendre agissants.
2. Quelqu’un peut-il être sauvé s’il n’a jamais fait d’œuvres bonnes?←⤒🔗
Peut-on espérer être sauvé si l’on ne fait jamais d’œuvres bonnes? La réponse est non. Il n’est pas possible d’être unis à Jésus-Christ et en même temps de ne faire aucune œuvre bonne. Par nous-mêmes, il est impossible de faire des œuvres bonnes, certes, mais si nous sommes greffés sur le Christ par une foi véritable, nous porterons nécessairement de bons fruits. « Greffés sur le Christ » (Q&R 64). Cette idée est tirée de Jean 15 où Jésus a donné l’exemple de la branche et de la vigne. « Moi, je suis le cep; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit, car sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15.5). Cette métaphore nous enseigne qu’il existe un lien très étroit qui nous unit à notre Sauveur. Sa force vivifiante nous est communiquée afin de nous rendre capables de produire de bons fruits. Si les branches sont unies à la vigne, elles porteront très certainement du fruit. Si par contre elles ne portent pas de fruit, c’est le signe manifeste qu’elles n’ont pas la vie provenant de la vie. Bien qu’elles se prétendent unies à la vigne, en réalité il n’en est rien. Elles ne sont bonnes qu’à être coupées et jetées au feu!
C’est en Jésus-Christ, par la puissance de son Esprit, que nous devenons actifs dans notre service, par une reconnaissance sincère. Ceux qui ont la vraie foi sont unis au Christ et produisent du fruit à cause de cette union. Il est impossible d’être uni à Jésus et de ne porter aucun fruit. Qu’arrive-t-il à ceux qui ne portent pas de fruit? Ils sont coupés et jetés au feu. Est-il possible que les chrétiens soient négligents et méchants? Cela peut arriver, non pas toutefois à cause de la doctrine de la grâce, mais à cause de notre propre péché qui demeure encore en nous. Cependant, les chrétiens qui ont été saisis par la grâce de Dieu sont des gens qui deviennent zélés au service de Dieu et qui veulent montrer leur gratitude chaque jour pour le cadeau merveilleux d’avoir été rachetés gratuitement par Jésus-Christ.
Nous devons apprendre à discerner les deux erreurs fréquentes du légalisme et de l’antinomisme. Le légalisme prétend que le salut s’obtient au moyen des bonnes œuvres et de l’obéissance à la loi de Dieu. L’antinomisme prétend qu’il ne serait pas nécessaire pour les croyants d’obéir à la loi de Dieu ou d’accomplir des œuvres de justice. Dans le premier cas, notre justification serait basée sur nos œuvres. Dans le deuxième, notre sanctification se porterait bien même sans œuvres. Nous croyons plutôt que, si notre justification est pleinement acquise sans aucune considération de nos œuvres, notre sanctification, quant à elle, ne se manifeste qu’à travers les œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance pour ses enfants afin que nous les pratiquions.
3. Devons-nous faire des œuvres bonnes?←⤒🔗
Oui, il est nécessaire de faire des œuvres bonnes. Non pas pour gagner notre salut, mais parce que nous croyons que Dieu nous aime au point d’avoir donné son Fils unique pour que lui seul mérite tout notre salut. Animés d’un cœur reconnaissant et progressivement transformés par le Saint-Esprit, nous écouterons alors la Parole du Seigneur et nous nous efforcerons d’obéir à sa voix.
Oui, je dois m’efforcer d’aimer le Seigneur et de grandir dans la foi. Je dois enseigner à mes enfants à aimer le Seigneur et à lui obéir. Pour quelle raison? Serait-ce parce que je veux que Dieu soit plus content de moi? Que je gagne sa faveur ou que je mérite de bons points à ses yeux? Pas du tout! Une telle idée est une hérésie inventée par le diable, nous rendant esclaves de la loi qui exige la perfection, sans quoi nous serions condamnés. Dieu veut que son peuple soit libre. C’est pourquoi il nous a gratuitement imputé la justice parfaite de Jésus-Christ, sans que nous ayons à payer quoi que ce soit. Alors, pourquoi nous efforcer de faire de bonnes œuvres? Par reconnaissance pour l’œuvre parfaite de Jésus-Christ! Par amour pour celui qui nous a aimés le premier, alors que nous n’étions pas du tout aimables à ses yeux.
« Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les œuvres bonnes » (Tt 2.14).
Mon cœur mauvais et orgueilleux me porte à croire que Dieu est content de moi quand je fais de beaux efforts pour lui plaire. Satan voudrait bien que nous pensions de cette façon afin de garder nos cœurs tourmentés. Toutefois, si Dieu est content de moi, ce n’est pas parce que je fais de beaux efforts pour lui plaire. Il est content de moi uniquement à cause de son Fils Jésus. Je suis juste, non coupable, uniquement à cause de Jésus-Christ. Voilà la bonne nouvelle de l’Évangile! Et puisque je crois en lui, j’irai, par la force de son Esprit Saint, faire des œuvres bonnes à la gloire de Dieu et pour le bien de mon prochain.