La présence des sectes
La présence des sectes
Le monde occidental, aussi bien l’Europe que l’Amérique du Nord, a été durant ces dernières décennies, depuis même un demi-siècle, le témoin et la victime bien choisie de l’invasion de ses terres par les sectes les plus étranges et aux activités les plus nocives pour les prosélytes, tant du point de vue spirituel que psychique. On devrait en parler comme d’une épidémie dangereuse dont il est urgent d’enrayer la progression, en « discernant les esprits », par les « armes de l’Esprit ».
« La chrétienté actuelle apparaît comme une mosaïque de plus de cinq cents sectes, plus ou moins importantes, affirmant toutes être l’authentique Église de Jésus-Christ. Mais à l’examen approfondi, on se rend compte que d’énormes contrastes, voire de sérieux conflits, les séparent ou les opposent.1 »
Certains spécialistes estiment que quatre cents ou cinq cents de ces nouvelles sectes doivent exister de par le monde, sans compter les nouvelles sectes et groupuscules ne portant pas de « chapeau » chrétien, mais connectées avec l’hindouisme, le bouddhisme, les anciennes religions païennes, l’occultisme et même le satanisme. Les méfaits de ces dernières semblent surpasser de loin ce que nous avions connu jusqu’à présent.
Outre cependant les sectes à prétention chrétienne ou biblique. Il en existe une multiplicité se réclamant de toutes les religions possibles et imaginables. Ainsi le cortège est long des gourous aux crânes rasés et le défilé interminable des maîtres spirituels « Bhachti Sastri », pasteurs et prêtres de religions ésotériques, étranges, bizarres, propageant leurs mortelles erreurs avec un zèle tel qu’ils devraient faire envie aux ministres des vieilles et respectables confessions chrétiennes.
La majorité de ces sectes sont issues des vieilles religions, notamment des spiritualités hindoues, bien connues de la plupart des spécialistes de l’histoire religieuse de l’humanité. Parmi elles, la conscience universelle de Krishna et la méditation transcendantale nous sont les plus familières. Ces apôtres du vieux polythéisme extrême-oriental jettent aux orties l’existence de Dieu et l’immanence du Créateur, l’autorité des Écritures chrétiennes, le dogme de la sainte Trinité, le salut comme don gratuit du Dieu Rédempteur, la réalité du péché, le jugement dernier suivi des peines éternelles. Pour l’une d’entre elles, Jésus est le fils de Krishna, inférieur donc à celui-ci; il n’est ni Fils éternel de Dieu ni Sauveur, il n’est pas l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes, pas plus que Lumière du monde, la Voie qui conduit à la vie éternelle, le Pain descendu du ciel; sa mort expiatoire est niée, comme aussi est réfutée sa résurrection triomphale d’entre les morts; un tel enseignement est par eux qualifié de païen.
Voici ce qu’écrivait un auteur chrétien dans une étude fort documentée parue il y a déjà quelques années :
« L’offensive actuelle des sectes? Le mot n’est pas de trop et tout d’abord c’est un pullulement. Pullulement agressif; comme tout ce qui est jeune, il a l’instinct d’agression, l’ambition de faire des adeptes.2 »
L’actualité des sectes est devenue tellement brûlante que d’honorables citoyens se sont constitués en association pour combattre des mouvements et des groupuscules à l’activité dangereusement nocive sur le plan psychique et social, aussi bien pour les adultes que pour les adolescents. Un auteur a même écrit le scénario d’un film qui, sous prétexte de mettre les adolescents en garde contre le danger des sectes, leur offre à vrai dire l’une des plus hideuses occasions de se salir par la pornographie. Mais passons. C’est des sectes que nous voulons parler.
Il faut noter la différence, bien sûr, entre les sectes antisociales et celles qui se séparent des Églises fondamentalement orthodoxes en souscrivant à des doctrines hétérodoxes, comme les mormons ou les témoins de Jéhovah.
Il faut être attentif au fait que les pratiques des sectes et leurs contrefaçons habiles de la foi chrétienne sont préjudiciables non seulement pour celle-ci, mais encore chargées de périls pour leurs propres adeptes.
Tel groupement formé à la suite de séances de drogue est devenu une secte qui impose l’avortement et la vasectomie… Le lavage de cerveau qui conduit à la perte de toute volonté et de toute autonomie, à l’incapacité de réfléchir et de prendre des décisions, à la confiscation de biens et à l’exploitation sexuelle, n’est qu’une simple routine, routine devenue une immonde liturgie pratiquée par certaines d’entre elles. Il ne faut pas s’étonner qu’elles jettent le discrédit sur la foi chrétienne et que nombre de nos contemporains, déjà peu enthousiastes ou attirés par celle-ci, en prennent prétexte pour la répudier définitivement.
Celui qui aujourd’hui suit l’actualité sans réflexion remarquera que la plupart du temps les médias se font un malin plaisir à étaler en long et en large les turpitudes qu’ils peuvent dénicher ici et là, plus ou moins connectées aux Églises chrétiennes, en ignorant savamment et systématiquement ce qui est accompli positivement par elles, notamment l’immense travail dans le domaine des œuvres d’éducation et de charité…
La question est de savoir comment nous nous soustrairons et nous nous mettrons à l’abri des agissements des sectes. Quelle devrait être la stratégie pour combattre l’ennemi rusé sans être agressés, surtout nos enfants, et pouvoir sauvegarder la vie elle-même contre ces nouvelles formes d’agression virulente et en définitive mortelle pour la foi et le psychisme?
Des mesures juridiques ne suffiraient pas. Ce n’est pas un fonctionnaire du gouvernement qui nous avertirait et nous mettrait en garde contre ce qui est faux dans le domaine religieux ou nous orienterait vers la vérité. Il est plutôt à craindre que lorsque l’administration s’en mêle même, avec l’intention louable d’épurer la vie sociale, certains bureaucrates aussi zélés qu’ignorants risquent de confondre l’activité sectaire avec les ministères chrétiens authentiques! Sous prétexte de barrer l’entrée dans leur pays aux propagateurs de doctrines nocives, on empêchera gaiement les missionnaires de l’Évangile d’exercer leur ministère légitime. Cela ne vaut pas mieux que la perversion d’une sectole religieuse. Et, entendons-le, s’il n’y avait que le zèle intempestif et l’ignorance de certains bureaucrates! Car qui nous assurera que tel ou tel corps ecclésiastique, une de ces institutions confessionnelles, ne profiterait pas de l’aubaine pour mettre à l’index toute confession divergeant avec elle! Cela ne date pas d’aujourd’hui, puisque selon le dicton latin « major pars, meliorem vicit », « la majorité étouffe parfois la voix des meilleurs ».
Vulnérables à l’agression des sectes et sans grand espoir de protection légale, il ne nous reste que le recours à nos propres moyens de défense. Rien ne nous oblige à ouvrir la porte au premier beau parleur venu nous promettre la lune. Avoir recours à « nos propres moyens » signifie tout d’abord ouvrir la Bible et examiner à sa lumière ce qui est vrai et ce qui est faux. La Bible ne tente jamais de nous séduire par des promesses mirobolantes. Elle ne nous dit pas que nos ennuis disparaîtront comme par enchantement lorsque nous aurons quitté notre Église pour nous attacher à telle secte. Au contraire, elle nous prévient que non seulement la vérité qu’elle nous révèle n’est pas commode, mais qu’elle peut être encore parfois, en un certain sens, fort dangereuse. Sur ses pages, rien n’est dit pour vous séduire, rien qui s’adresse immédiatement à nos sens et encore moins à nos viscères.
Un passage du Nouveau Testament, extraordinaire d’actualité, traite de l’offensive des sectes. Il s’agit de 2 Pierre, chapitre 2. Ce sont des mots percutants, d’une aussi grande actualité que les colonnes d’un journal quotidien d’aujourd’hui. Dès l’aube du christianisme, l’offensive des sectes était connue et ressentie douloureusement. L’apôtre Pierre nous en offre quelques traits caractéristiques. Ils sont, dit-il, avides d’argent, consumés par la cupidité… Je veux bien qu’ils ne soient pas, hélas!, des cas uniques, et que des chrétiens et autres honorables citoyens soient aussi contaminés par un tel mal. Mais partout, sans exception aucune, où la secte s’infiltre, s’y répand l’odeur de l’argent, même si l’adepte de base, lui, est réduit à la plus robuste pauvreté, travaillant pour la secte sans recevoir de salaire ni même la moindre indemnité pour ses labeurs.
L’intention de cette brève introduction à la connaissance des sectes ne se veut pas purement polémique, au sens négatif du terme; à s’engager à une éristique violente (« eris », en grec, signifie conflit), elle n’invitera pas davantage à une croisade contre les infidèles modernes.
Bien au contraire, elle cherchera de manière positive à informer le lecteur du contenu de l’enseignement des nouvelles et des anciennes sectes et à montrer sur quel point réside leur erreur principale; comment épargner aussi aux membres de nos Églises, peu affermis dans la foi et dans la connaissance du salut, de devenir la proie facile des prédateurs religieux modernes; enfin, elle nous permettra, nous le souhaitons, d’exposer aussi fidèlement que possible sur les points controversés et combattus la vérité telle que nous l’acceptons et confessons d’après la révélation chrétienne et biblique. Comme dans chacun de nos exposés et de nos écrits, notre souci reste primordialement pastoral, celui d’édifier les fidèles des Églises chrétiennes.
Notre ministère à la radio et à la télévision nous a constamment fourni l’occasion et le privilège d’éclairer celles et ceux de nos auditeurs et correspondants cherchant sincèrement à savoir à quoi s’en tenir devant les propagateurs parfois extrêmement virulents de ces sectes et sectoles, et comment s’armer correctement pour résister à leurs assauts. Il ne suffit pas d’exposer dans les grandes lignes le contenu de la foi, « transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1.3), même avec la meilleure orthodoxie; il faut encore examiner les esprits, discerner l’erreur, mettre en garde les naïfs et les désarmés, leur exposer de manière claire et rigoureuse les vérités qui sont précisément niées par les adeptes de ces religions.
Aujourd’hui encore, les sectes contrarient la proclamation de l’authentique Évangile, et leur nombre, à l’heure présente, est vraiment inquiétant. Or, l’apparition et le foisonnement de faux prophètes font partie des signes qui précèdent le retour du Seigneur (Mt 24.3-24), qui nous dit : « Prenez garde que personne ne vous séduise » (Mt 24.4).
Notes
1. Robert Schroeder, Comment reconnaître les sectes et leurs faux prophètes.
2. H. Ch. Chery, Offensive des sectes.